Francois Hollande lors de son allocution télévisée, le 1er décembre 2016, à Paris. | OLIVIER MORIN / AFP

Une allocution d’une dizaine de minutes, puis une petite phrase pour lever les ambiguïtés. Peu après 20 heures, jeudi 1er décembre, depuis l’Elysée, François Hollande a annoncé sa décision de ne pas se représenter à l’issue de son premier mandat et laissera donc à d’autres la course à la présidentielle de 2017. Retour sur quelques-unes des promesses, projets ou séquences-clés du quinquennat qui ont fragilisé le chef de l’Etat, tout à la fois dans son rapport aux Français et dans ses relations avec son propre camp politique, contribuant à son empêchement.

  • Inverser la courbe du chômage, la promesse impossible

Voilà un sujet, sinon « le » sujet, qui aura pesé tout au long de son mandat pour François Hollande. Par sa faute. C’est en effet dès le 9 septembre 2012, alors qu’il est installé à l’Elysée depuis à peine quatre mois, qu’il promet, sur le plateau du « 20 heures » de TF1, d’« inverser la courbe du chômage d’ici un an ».

A l’époque, seul le ministre du travail, son ami de jeunesse Michel Sapin, lui affirme que l’exploit était réalisable. Tous ses autres proches s’étranglent face à cette prédiction à haut risque. Dès lors, chaque mois, les chiffres de Pôle emploi seront scrutés au plus près. Et la promesse rappelée à chaque occasion.

D’autant que le chef de l’Etat s’entête. Le 18 avril 2014, en marge d’une visite de l’usine Michelin de Clermont-Ferrand, il déclare que « si le chômage ne baisse pas d’ici à 2017 », il n’aura « aucune raison d’être candidat ou aucune chance d’être réélu ».

Or, durant toute la première partie du quinquennat, les statistiques ne baissent pas. Au contraire, le chômage augmente. Une baisse du nombre de chômeurs sera certes revendiquée par l’exécutif à plusieurs reprises en 2016. Pas suffisamment pour que la promesse initiale soit considérée comme remplie.

  • « L’affaire Cahuzac », une tache sur la « République exemplaire »

Avec l’« affaire Cahuzac », fin 2012-début 2013, c’est la volonté de promouvoir « une République exemplaire », exprimée par François Hollande en début de mandat sa volonté, qui en a pris un coup. Le 4 décembre 2012, le site Mediapart explique que le ministre du budget, Jérôme Cahuzac, a possédé « pendant de longues années et jusqu’en 2010 » un compte au sein de la banque suisse UBS, à Genève, qu’il n’a jamais déclaré au fisc.

Après avoir démenti « les yeux dans les yeux », face aux plus hautes autorités de l’Etat, à la représentation nationale et à l’opinion, M. Cahuzac présente finalement, fin mars 2013, sa démission du gouvernement, en avouant qu’il a menti.

  • La déchéance de nationalité, un déchirement au sein de la majorité

Hollande sur la déchéance de nationalité : « C'était important qu'il y ait cette unité » après le 13 novembre
Durée : 01:30

C’est le seul mea culpa exprimé par le président de la République dans son allocution de jeudi 1er décembre. Après les attentats terroristes du 13 novembre 2015, à Paris et à Saint-Denis, François Hollande a voulu « piéger » Nicolas Sarkozy (Les Républicains) et Marine Le Pen (Front national), en reprenant à son compte leur proposition d’une déchéance de nationalité pour les terroristes.

La démarche lui vaut quelques minutes d’applaudissements devant le Congrès à Versailles, le 16 novembre 2015. Mais elle conduit surtout à trois mois de tiraillements et d’oppositions avec sa majorité, déchirant un peu plus encore son propre camp. Au point que François Hollande sera contraint d’abandonner sa proposition en mars 2016.

  • La loi travail : un 49-3 et sept mois de contestation

Une gauche en miettes, des Français majoritairement hostiles, un front syndical très combatif durant quatre mois… Si la question de la déchéance de nationalité a fracturé la majorité et divisé l’opinion, la loi travail, promulguée en août 2016, a contribué à aggraver la situation.

Ce texte a été la cible d’une importante mobilisation sociale de février à septembre, y compris encore après son adoption : 14 manifestations nationales, 7 syndicats mobilisés ou encore une pétition en ligne lancée sur le site Change.org et signée par 1 358 785 internautes.

Les débats se sont bien souvent focalisés sur quelques dispositions clés du texte : la primauté donnée à l’accord d’entreprise en matière de temps de travail, l’assouplissement des règles relatives aux licenciements économiques, l’organisation de référendum dans les entreprises…

Surtout, ce projet a suscité une très forte contestation à gauche, notamment parmi les « frondeurs » socialistes. Au point qu’une motion de censure « de gauche » a été envisagée à un moment, en plus de celle de la droite. Ce qui a poussé le gouvernement à recourir à l’alinéa 3 de l’article 49 de la Constitution, le 21 juillet, permettant l’adoption du projet de loi sans le vote du Parlement.

  • « Un président ne devrait pas dire ça… », les révélations de trop

Avec la parution, le 12 octobre 2016, du livre « Un président ne devrait pas dire ça… » (Stock, 272 p., 24,50 €), le président de la République a provoqué la colère et l’indignation, à droite comme à gauche. Décidé seul par François Hollande avant même son élection, le projet de livre, réalisé avec les journalistes du Monde Gérard Davet et Fabrice Lhomme, veut être une autopsie du quinquennat par son premier acteur.

Le résultat provoque colère et indignation, à droite comme à gauche. Le livre contribue à saper l’autorité d’un président, déjà remise en cause à plusieurs reprises, et pèse encore un peu plus sur une cote de popularité déjà très basse. Le 20 octobre, un appel anonyme circule déjà parmi les parlementaires socialistes. « C’est l’honneur d’un président de la République de mettre fin au suspense qui paralyse et glace le système et d’annoncer qu’il renonce à porter les couleurs de sa famille politique à la présidentielle », peut-on y lire. L’appel aura finalement été entendu.