Jeudi 1er décembre, François Hollande a déclaré qu’il renonçait à se lancer dans la course à la présidentielle. Lors de son allocution, le chef de l’Etat a fait un premier examen, globalement positif de son point de vue, des résultats de la politique économique menée depuis 2012.

« Les résultats arrivent, plus tard que je ne les avais annoncés, j’en conviens, mais ils sont là : l’investissement, la consommation, la construction repartent et depuis le début de l’année le chômage enfin diminue, mais il reste à un niveau trop élevé et je mesure ce que cette situation peut avoir d’insupportable pour nos concitoyens qui vivent dans la précarité », a-t-il déclaré. Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Natixis AM, se livre lui aussi à cet exercice du bilan.

Que retenez-vous de la politique économique de François Hollande ?

Un ajustement fiscal brutal a pénalisé la croissance au début du mandat. Cela a permis d’améliorer le solde budgétaire structurel de la France mais a pesé lourdement sur la croissance. Le PIB par tête a peu évolué. François Hollande peut évoquer la reprise de la consommation et le chômage qui recule depuis le début de l’année, mais c’est une dynamique commune à la zone euro, et qui n’est pas spécifique à la France. Nous sommes désormais en retard. Le pays avait tendance à faire la même performance de croissance que la zone euro avant la crise de 2007. Elle fait désormais moins bien et l’on n’a pas le sentiment que la politique mise en place permette de rattraper cet écart.

Le pacte de responsabilité et le CICE ont tout de même constitué un tournant ?

Le relâchement de la contrainte s’est fait principalement par le CICE [crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi] afin de redonner aux entreprises des capacités et des marges. Cela a été complété ensuite par le suramortissement des investissements. Mais, une fois ce gage donné aux entreprises, on a eu un peu l’impression que la politique économique s’est arrêtée. Les conditions avaient été mises en place pour que cela reprenne et il fallait juste être patient pour que ces mesures portent leurs fruits. Cela n’a pas été suffisant et c’est à mon sens sur ce point que le bilan est fragile. Les conditions en place ne sont pas suffisantes pour créer un élan et c’est cela qui a terriblement manqué. Quel était le dessein de la politique économique française ? Quel était le modèle de société vers lequel la politique économique permettait d’aller ? Personne n’a trouvé la clé de la pensée présidentielle.

La politique économique du quinquennat a donc manqué de hauteur de vue ?

On n’a pas eu le sentiment d’une vision capable de porter l’économie française vers de nouveaux horizons. Souvent, cela n’est pas nécessaire parce que la croissance spontanée le permet. Cependant, dans la période difficile que traverse l’économie mondiale, depuis 2011 notamment, il était nécessaire de définir un cap au-delà de la mise en place des instruments. Cela, on ne l’a pas vu, et c’est aussi sûrement une des raisons de la faiblesse de l’investissement et de l’inquiétude qu’il y a sur la capacité de l’économie française à retrouver une allure plus robuste dans la durée. On peut se demander s’il n’y a pas eu une faillite de l’analyse de la situation française en 2012, au moment de l’arrivée au pouvoir de François Hollande.