Cristiano Ronaldo au Stade de France, le 10 juillet. | Frank Augstein / AP

La somme est colossale, à l’image des quantités d’argent avec lesquelles la star a jonglé au cours de sa carrière. L’attaquant portugais du Real Madrid, Cristiano ­Ronaldo, aurait caché 149,5 millions d’euros de revenus de sponsoring au fisc espagnol durant ces sept dernières années, selon le réseau European Investigative Collaborations (EIC).

En s’appuyant sur 18,6 millions de documents confidentiels – contrats, factures, courriels… – apportés par le site « FootballLeaks » au magazine allemand Der Spiegel, ce consortium de douze médias européens a révélé, vendredi 2 décembre, de nombreux détails sur les montages financiers qui ont permis à plusieurs footballeurs de premier rang de mettre en place des systèmes d’évasion fiscale.

Ronaldo, dont le salaire, sans compter les droits à l’image, s’élevait à un peu plus de 34 millions d’euros en 2014, a « touché, entre 2009 et 2014, 74,8 millions d’euros par l’intermédiaire d’une société offshore immatriculée aux îles ­Vierges britanniques, sans en parler au fisc », selon Mediapart, qui a participé à l’enquête de l’EIC.

Le footballeur a fini par déclarer une partie de ces revenus, a même fait l’objet d’un contrôle fiscal, mais n’aurait pas eu à payer d’intérêts de retard. Le 20 décembre 2014, d’après l’EIC, le triple Ballon d’or a vendu pour un montant de 74,7 millions d’euros à un milliardaire singapourien, Peter Lim, ses droits marketing de la période 2015-2020, « afin de continuer à profiter d’un régime fiscal ultra-avantageux, qui allait disparaître douze jours plus tard », précise Mediapart, qui estime que ce stratagème a permis au Portugais, champion d’Europe cet été en France, d’économiser « 31 millions d’euros d’impôts ».

Système qui a bénéficié à d’autres stars du footbal

Derrière le cas Cristiano Ronaldo, plane l’ombre de Jorge Mendes. Cet agent portugais, l’un des plus influents du football mondial, gère les intérêts de l’attaquant de la Seleçao. Or quand, en 2009, ce dernier cède ses droits à l’image à Tallin Associates, la société écran domiciliée aux îles Vierges britanniques, cette coquille vide les recède vite à deux sociétés sises en Irlande, Multisports & Image Management et Polaris. Deux structures liées à M. Mendes. Et Peter Lim, le milliardaire singapourien venu à la rescousse de l’attaquant, fin 2014, est très proche de Jorge Mendes, dont il fut le témoin de mariage.

L’agent apparaît donc au centre d’un système de dissimulation fiscale, qui a bénéficié à d’autres stars du monde du football dont il gère les intérêts, à l’image de l’entraîneur de Manchester United, le Portugais José Mourinho, ou de l’attaquant colombien de Monaco Radamel Falcao.

Derrière le cas Cristiano Ronaldo plane l’ombre de Jorge Mendes. Cet agent portugais est l’un des plus influents du football mondial

Selon l’enquête de l’EIC, M. Mourinho a dissimulé 12 millions d’euros au fisc britannique, grâce à un compte suisse détenu par une société offshore domiciliée aux îles Vierges britanniques. Il a dû payer 4,4 millions d’euros de redressement fiscal. Falcao fait, lui, l’objet d’un contrôle fiscal et aurait dissimulé de l’argent par l’intermédiaire d’un compte en Suisse et des sociétés en Irlande et aux îles Vierges britanniques, lorsqu’il jouait à l’Atlético Madrid.

« Les impôts espagnols trouveront très peu de chose »

Dans un communiqué publié jeudi 1er décembre, Gestifute, la société de Jorge Mendes, assure que « Cristiano Ronaldo et José Mourinho respectent pleinement leurs obligations fiscales vis-à-vis des autorités espagnoles et britanniques ». Le cabinet d’avocats Senn Ferrero, qui défend l’attaquant portugais, a répondu à l’IEC qu’« une inspection est toujours en cours ». « Apparemment, le plus probable est que les impôts espagnols trouveront très peu de chose. »

En attendant les avancées de l’enquête, Cristiano Ronaldo s’apprêtait pour le choc du championnat espagnol face au FC Barcelone, samedi 3 décembre. Il devait y retrouver Lionel Messi, quintuple Ballon d’or et, lui aussi, perturbé par des soucis d’impôts.

L’Argentin a été condamné avec son père pour fraude fiscale, en juillet, à vingt et un mois de prison avec sursis et à des amendes de 3,7 millions d’euros, une décision dont il a fait appel. Les « Panama papers » avaient, par ailleurs, permis de révéler que Messi était bénéficiaire d’une société domiciliée dans cette république d’Amérique centrale.