Manuel Valls intervenait dans le cadre d’un comité interministériel sur le handicap, ce vendredi 2 décembre à Nancy. | JEAN CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

Drôle de journée que celle vécue vendredi 2 décembre par Manuel Valls à Nancy. Chaque mot prononcé, chaque regard, chaque sourire en coin étaient sujets à interprétation par la foule de journalistes et d’élus venus écouter le premier ministre.

Ce n’est pas le comité interministériel sur le handicap qu’il a présidé jeudi matin au conseil départemental de Moselle qui était particulièrement attendu, ni la signature du contrat de ruralité à la préfecture de Nancy. Non. Ce que chacun voulait, c’était plutôt déceler dans le langage corporel de M. Valls et sa communication non verbale, à défaut de phrases concrètes, des signes d’une annonce prochaine, voire imminente de sa candidature à l’élection présidentielle.

Car le déplacement, effectué avec sept ministres de son gouvernement (Marisol Touraine, Myriam El Khomri, Emmanuelle Cosse, Jean-Michel Baylet, Christian Eckert…), une véritable photo de famille, est intervenu 24 heures à peine après le tonitruant renoncement de François Hollande à la course présidentielle.

Un discours aux accents présidentiels

Il s’agissait donc de la première intervention publique de M. Valls après le discours du chef de l’état du 1er décembre. Le premier ministre, qui a entamé sa journée par la visite du village Michelet, un lieu de vie spécialement aménagé pour un meilleur confort des personnes handicapées, a pris soin d’ajouter un hommage spécial au chef de l’état au début de son discours. Le premier ministre qui s’est dit « ému » par la décision du président et qui a salué le choix d’un « homme d’état » n’a malheureusement rien donné en pâture à ceux qui attendaient une annonce franche. Il n’a même pas accordé aux journalistes présents le traditionnel « point off » dans lequel les puissants distillent des informations sur les coulisses du pouvoir. Le message envoyé jeudi était autre : François Hollande a beau renoncer aux présidentielles, les affaires de l’état continuent et le pays est toujours tenu. « Ce déplacement était prévu avant, il n’y avait pas de raison de l’annuler », commente un membre de l’exécutif.

Qu’à cela ne tienne, fébriles, certaines personnes présentes dans le public et habituées au commerce du chef du gouvernement l’ont trouvé « plus enjoué que d’habitude, plus souriant ». Signe pour elles d’un apaisement certain maintenant que la voie est libre.

Plus tard dans l’après-midi, Manuel Valls, qui a prononcé un deuxième discours devant les élus du Grand Est, a tout de même donné à son allocution des accents présidentiels. « Que la France est belle ! Que la France est belle ! », a-t-il entonné, n’oubliant pas d’y ajouter des signes de son appartenance à la gauche, taclant au passage le programme de François Fillon : « l’assistanat ne devrait pas être dans le débat public, nous avons besoin de solidarité ! ».

« C’était une journée forcément spéciale, commentait un membre du gouvernement, on ne risque pas trop de parler des associations et du handicap ce soir. »