Documentaire sur Arte à 20 h 50

JACK LONDON UNE AVENTURE AMERICAINE - BA
Durée : 01:41

« La fonction propre de l’homme est de vivre, non d’exister », résumait celui dont la brève existence ressemble à un roman tumultueux. « Je ne gâcherai pas mes jours à tenter de prolonger ma vie. Je veux brûler tout mon temps », ajoutait-il. Mission accomplie. S’il est mort jeune, à 40 ans, Jack London (1876-1916) a au moins vécu intensément. Et ce formidable documentaire, illustré notamment par les centaines de photos prises par l’écrivain lors de ses nombreuses expéditions, retrace aussi, à travers sa vie incroyable, l’histoire d’une Amérique en mouvement.

Jack London n’a pas été simplement un témoin lucide d’événements sortant parfois de l’ordinaire, il a été acteur de l’Histoire, au cœur des océans comme dans les entrailles des usines. Dans les taudis de l’East End londonien comme dans les îles paradisiaques du Pacifique. Celui qui est devenu l’un des écrivains les plus lus au monde n’a cessé de témoigner, s’astreignant chaque jour à livrer au moins mille mots. Essais, poèmes, romans, reportages, tous les styles lui ont été familiers.

Jack London sur son ranch. Glen Ellen. Californie. 1913 | © La Compagnie des Indes

Ouvrier et écrivain, pilleur d’huîtres et correspondant de guerre, marin et vagabond, vigoureux militant politique au service des classes laborieuses et grand propriétaire terrien, chasseur de phoques et journaliste, miséreux puis très riche, père aimant et dépressif, alcoolique et visionnaire, il a mené une vie tellement mouvementée qu’on en perd la tête. « Comprendre l’essence de Jack London, c’est comme essayer de saisir de la fumée : elle vous échappe des mains », résume son arrière-petit-fils. Né prolétaire, mort criblé de dettes, Jack London n’a vraiment pas eu le temps de s’ennuyer.

Actualités filmées inédites

Adoptant un strict découpage chronologique, de la naissance de Jack en janvier 1876 à San Francisco jusqu’à sa mort en novembre 1916 à Glen Ellen (Californie), Michel Viotte, auteur de ce documentaire et du livre Les Vies de Jack London (Arte éditions et La Martinière), offre un bel objet télévisuel. La richesse des documents proposés (actualités filmées inédites et scènes reconstituées dans le Grand Nord canadien, en Polynésie ou dans son immense ranch californien) permet d’accompagner l’auteur de L’Appel de la forêt, Croc-Blanc ou Martin Eden dans ses aventures.

Michel Viotte, c'était quoi la philosophie de vie de Jack London ?
Durée : 00:50

L’un des aspects les plus passionnants de ce documentaire est aussi de voir comment, dans un gigantesque pays en pleine mutation sociale et technique, London a saisi les changements en cours. Et lutté avec force en faveur d’un prolétariat humilié. Le militant socialiste aux poches trouées qui marchait sur Washington avec des milliers de chômeurs en colère deviendra un membre éminent de l’élite intellectuelle et un homme très aisé. Mais jamais London n’oubliera d’où il est venu. Son Amérique est celle d’un pays à peine sorti de la ruée vers l’or. Un pays sauvage, dur pour les faibles. Mais c’est aussi un pays qui s’ouvre au monde. Avec ­Theodore Roosevelt, arrivé au pouvoir en 1901, les Etats-Unis adoptent une politique étrangère expansionniste. Grâce à ce virage, London va pouvoir aller dans des ­endroits interdits auparavant.

Avec sa seconde épouse, Charmian Kittredge, une femme de cinq ans son aînée, brillante, sportive et aventureuse, il vit de multiples expériences. Mais les excès d’une telle existence se payent : malade, épuisé, Jack London meurt à 40 ans. Une belle vie.

Jack London, une aventure américaine, de Michel Viotte (Fr., 2016, 90 min).