Le président par intérim, Chavkat Mirziyoyev, mettant son bulletin dans l’urne, le 4 décembre 2016, dans un bureau de vote de Tashkent, la capitale. | ANVAR ILYASOV / AFP

Le scrutin laisse peu de place à la surprise. Trois mois après la mort d’Islam Karimov, celui qui a dirigé l’Ouzbékistan pendant près de 27 ans, les Ouzbeks se rendent aux urnes, dimanche 4 décembre, pour élire un nouveau président.

Environ 9 300 bureaux de vote ont ouvert dimanche dans ce pays d’Asie centrale d’environ 30 millions d’habitants. Ils fermeront à 16 heures, heure de Paris. Selon la Commission électorale centrale, près de 72 % des électeurs s’étaient déjà déplacés à 14 heures.

Il s’agit de la première élection organisée en Ouzbékistan depuis la disparition d’Islam Karimov, mort en septembre d’une hémorragie cérébrale. Pour autant, ce scrutin ne devrait pas être différent de ceux organisés sous son règne, assurent les analystes, rappelant que l’Ouzbékistan n’a jamais connu depuis son indépendance d’élections jugées libres par les observateurs internationaux. L’un d’entre eux, l’analyste ouzbek Kamoliddine Rabbimov, souligne :

« Le format des élections ouzbèkes n’a pas changé depuis la mort de Karimov parce que le régime n’a pas eu l’occasion de penser différemment […]. L’Ouzbékistan a sa propre vision de la démocratie. Il n’y aura pas de surprise. »

Sur son site, la commission électorale a publié des citations d’électeurs enthousiastes. « Je me rends compte de l’importance de ma voix pour le futur développement de mon pays et cela me rend fière », s’exclamait ainsi une étudiante. « Nous travaillons librement, nous vivons bien. Nous sommes convaincus que le pays ira encore mieux demain », déclarait de son côté un fermier.

Mirziyoyev grand favori

Nommé président par intérim quelques jours après le décès de Karimov, Chavkat Mirziyoyev, 59 ans, fait figure de grand favori pour remporter un mandat présidentiel de cinq ans. Il est le candidat du Parti libéral-démocrate, dont était issu Islam Karimov lors de la dernière élection présidentielle en 2015.

Face à lui, trois candidats se présentent : Khatamjan Ketmonov, du Parti démocratique populaire, Narimon Oumarov et Sarvar Otamouratov, tous deux issus du Parti démocratique social. Mais ils ont peu de chances, explique M. Rabbimov :

« Tout a été fait pour s’assurer que les autres candidats soient encore plus inconnus que Mirziyoyev car il ne possède pas encore la stature de Karimov auprès de la population. »

Allié de longue date d’Islam Karimov, Chavkat Mirziyoyev a été premier ministre de 2003 à 2016. Lors de sa nomination au poste de président par intérim, il a été considéré comme le garant d’une certaine continuité avec la politique rigide de l’ancien dirigeant.

Vers un Ouzbékistan assoupli

Mais depuis son arrivée au pouvoir, il a multiplié les signes d’assouplissement : il a gracié un célèbre prisonnier politique et affirmé vouloir réformer l’économie du pays, entièrement placée sous le contrôle de l’Etat.

« En me basant sur ce qu’il a fait jusqu’à présent, je dirais qu’il essaie d’arrondir les angles du système Karimov », analyse Scott Radnitz, spécialiste de l’Asie centrale pour l’Université de Washington. Ce système est caractérisé par « un strict contrôle politique, une économie croulante, une agriculture arriérée », rappelle-t-il. « Cela marche pour maintenir le pouvoir, et pour garder un taux de croissance bas et stable, mais cela étouffe les gens normaux », souligne-t-il.