Les procureurs brésiliens chargés de l’enquête sur le scandale Petrobras ont été couronnés du Prix anticorruption 2016 décerné par l’ONG Transparency International. Le dossier a été baptisé « Lava Jato » (lavage express) car il est parti de la découverte d’un système de blanchiment d’argent dans une banale station-service, système qui s’est révélé être la pointe de l’iceberg d’un gigantesque réseau conduisant au groupe pétrolier public Petrobras, avec l’implication notamment du géant du BTP Odebrecht et de nombreux représentants du paysage politique brésilien, tous partis confondus.

« Si nous n’avions pas travaillé main dans la main, jamais nous ne serions arrivés aussi loin », a témoigné Deltan Dallagnol, coordinateur des procureurs chargés de l’enquête, en recevant son prix, samedi 3 décembre, au Panama, dans le cadre de la 17e Conférence anticorruption organisée par Transparency International. Le magistrat a dédié ce prix à « tous les Brésiliens qui se sentent impuissants face à la corruption ».

1 256 années de prison

Selon l’ONG, le scandale Petrobras est « un des scandales de corruption majeurs dans le monde », qui a conduit à des « sentences très sévères contre certains membres très puissants des élites économiques et politiques ». Cette affaire a notamment provoqué la chute d’Eduardo Cunha, désormais ex-président de la chambre des députés, mais aussi de Marcelo Odebrecht, ancien PDG du géant du BTP du même nom. L’ancien président Luiz Inacio « Lula » da Silva est également visé dans ce dossier.

L’enquête a démontré que les marchés de sous-traitance de Petrobras au profit des plus grands groupes de BTP du Brésil étaient systématiquement surfacturés, de 1 à 5 %, avec la complicité des dirigeants de l’entreprise. Une partie des commissions occultes versées en marge de ces marchés truqués était reversée sous forme de pots-de-vin à des dizaines d’hommes politiques, de tous bords, pour financer leurs campagnes électorales.

Dans le cadre de ces investigations aux ramifications gigantesques, 118 personnes ont d’ores et déjà été condamnées, pour un total de 1 256 années de prison, résume le communiqué de Transparency International annonçant le Prix.