Le 31 mai dernier, Facebook, Twitter, YouTube et Microsoft s’engagaient auprès de la Commission européenne à supprimer, en moins de vingt-quatre heures, les messages haineux publiés sur leurs plates-formes. Six mois plus tard, l’institution ne semble pas satisfaite et leur a fait savoir dimanche 4 décembre. « En pratique, les entreprises prennent plus de temps et n’y parviennent pas toujours. Elles ne s’occupent que de 40 % des cas qui leur sont signalés en moins de vingt-quatre heures », a déclaré un porte-parole de la Commission cité par l’agence de presse Reuters.

Il s’appuie pour cela sur un rapport commandé par la commissaire européenne chargée de la justice et des consommateurs, Vera Jourova. « Après quarante-huit heures, le chiffre s’approche plus des 80 %. Ce qui montre que l’objectif est réaliste, mais cela va demander plus d’efforts de la part des entreprises », poursuit le porte-parole. Selon ce rapport, YouTube s’est montré le plus réactif ; à l’inverse, Twitter, très critiqué pour sa politique de modération, fait figure de mauvais élève. Cette étude a aussi remarqué d’importantes différences de traitement selon les pays. Alors que les publications racistes étaient supprimées dans plus de 50 % des cas en France et en Allemagne, elles ne l’étaient que dans 11 % des cas en Autriche et 4 % en Italie. Ce rapport doit faire l’objet d’une discussion jeudi entre les ministres de la justice européens.

Code de conduite

« Si Facebook, YouTube, Twitter et Microsoft veulent nous convaincre, moi et les ministres, que l’approche non législative peut fonctionner, il va falloir qu’ils agissent vite pour faire un sérieux effort dans les prochains mois », a menacé Vera Jourova, citée par le Financial Times. « Ces dernières semaines et mois ont montré que les réseaux sociaux devaient se montrer à la hauteur de leur rôle important et prendre leur part de responsabilité lorsqu’il s’agit de phénomènes comme la radicalisation en ligne, le discours haineux illégal et les fausses informations. »

En mai, les quatre entreprises avaient signé un « code de conduite » en douze points, dans lequel elles s’engageaient notamment à examiner « la majorité des signalements valides » par les internautes et, s’il y a lieu, « supprimer ou rendre inaccessibles » les contenus haineux en moins de vingt-quatre heures. Ce code de conduite insistait aussi beaucoup sur le renforcement des liens entre ces entreprises et des organisations issues de la société civile, notamment pour promouvoir le « contre-discours », devenu un élément central de l’arsenal visant à lutter contre les discours de haine sur Internet.