Un soldat de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma), à Tombouctou. | SEBASTIEN RIEUSSEC / AFP

Les mois se suivent et se rassemblent au Mali. Dans la soirée du 5 décembre, des assaillants djihadistes présumés ont attaqué une prison dans la ville de Niono, dans le centre du pays, libérant près d’une centaine de détenus, selon le média Sahelien.com, qui dit se baser sur des sources du ministère malien de la défense. Un porte-parole militaire malien faisait état, lui, de la mort d’un gardien du centre de détention et d’une douzaine d’assaillants.

« Ils étaient très bien informés. Ils savaient même exactement où se trouvait un de leurs combattants arrêtés récemment », a précisé une source policière à l’Agence France-Presse (AFP). Si le raid n’a pas été revendiqué, l’opération n’est pas sans rappeler un événement intervenu un mois plus tôt : l’attaque, le 6 novembre, par le groupe djihadiste Ansar Eddine de la localité de Banaba, à 150 kilomètres de la capitale Bamako. Un raid au cours duquel 21 prisonniers ont été libérés.

Quelques jours plus tard, un porte-parole du groupe djihadiste promettait dans un entretien à l’hebdomadaire yéménite Al-Masra, lié à Al-Qaida dans la péninsule arabique (AQPA), que le mouvement « n’oublierait pas ses prisonniers et ferait tous pour les libérer. L’ennemi aura beau barricader ses prisons, nous y entrerons ». Le djihadiste concluait : « Les opérations au Mali ne s’arrêteront pas ». Comme une réponse aux rumeurs qui prêtent au chef d’Ansar Eddine, Iyad Ag-Ghali, figure des rébellions touareg des années 1990 et 2000 convertie au djihadisme, la volonté de dialoguer avec le gouvernement malien.

Une lettre du chef d’Ansar Eddine

Aux premiers jours du mois de novembre, le président du Haut conseil islamique du Mali, Mahmoud Dicko, prétendait être en possession d’une lettre du chef d’Ansar Eddine, datée du 27 septembre dans laquelle Iyad Ag-Ghali y affirmait accepter « le cessez-le-feu que vous nous avez demandé », reconnaissait « l’intégrité territoriale du Mali », mais repoussait « toute personne qui rejette la charia ». Aucune déclaration du groupe n’est venue depuis confirmer ou infirmer cette information, alors que Bamako n’a fait aucun commentaire.

Et l’activisme militaire du groupe djihadiste ne plaide pas pour l’instant en faveur d’une volonté d’apaisement alors que les casques bleus de la Mission des Nations unies au Mali (Minusma) et les soldats français de l’opération « Barkhane » sont les cibles quasi quotidiennes d’attaques des groupes djihadistes implantés au Mali. A commencer par Ansar Eddine, qui a revendiqué une quinzaine d’opérations depuis début octobre, dont plusieurs tirs de roquettes visant des bases de la Minusma cette semaine. L’une des attaques revendiquées par le groupe djihadiste a coûté la vie à un militaire français, le 4 novembre, après l’explosion d’une mine au passage de son véhicule blindé.