Le psychiatre Xavier Pommereau, à Bordeaux le 26 juin 2013. | MEHDI FEDOUACH/AFP

Entre connaissance de soi, évolution du milieu professionnel et projections des parents, le directeur du Pôle aquitain de l’adolescent à Bordeaux et psychiatre Xavier Pommereau explique pourquoi l’orientation est un sujet complexe et anxiogène.

« Qu’est ce que tu veux faire comme métier ? » Pourquoi cette question est-elle si angoissante ?

Parce qu’on demande aux jeunes de faire un choix d’orientation précis alors qu’ils voient bien que la trajectoire des gens qui sont épanouis dans leur métier n’est pas rectiligne. Ils ont, en général, pris une voie, changé, puis suivi des chemins de traverse, etc. Il est donc primordial de dédramatiser ce choix d’orientation, car ce n’est pas à ce moment-là que les choses se décident. Il ne faut pas se fixer un cap intangible, mais une direction susceptible d’évoluer. En se disant que les contraintes et les opportunités, le marché du travail, la pression des parents, ses envies ou ses voyages sont susceptibles de la modifier. La voie royale, si elle existe, n’est jamais écrite à l’avance.

Comment fait-on pour ­se connaître ?

Il faut voyager, multiplier les rencontres, les prises de risque… Puis, lorsque l’heure du choix approche, essayer de faire son bilan de compétences avec les autres. On ne parle pas ici des compétences scolaires, mais des compétences de vie : ce qu’on sait faire, qui on est. Cet exercice ne doit pas se faire avec les parents, qui ne sont pas objectifs et ne mesurent pas toujours combien ils rejouent ce qu’ils auraient aimé faire à travers les projections sur leur enfant. On peut s’isoler avec d’autres personnes bienveillantes de son entourage (un oncle, un ami, etc.) et leur demander : « D’après toi, je suis bon en quoi ? » Il faut noter noir sur blanc là où on est bon, ­selon eux. Et, en face, là où on l’est moins. On décide ensuite, après y avoir réfléchi calmement, un choix d’orientation qui prend en compte ces différents éléments.

Entre « fun » et « safe », entre un métier en phase avec ses désirs ou son envie de liberté et un autre qu’on imagine plus stable, faut-il choisir ?

Il n’est ni possible ni souhaitable de choisir entre l’un et l’autre. Ce qui rend la vie intéressante, ce sont justement la souplesse et l’adaptation. Quel métier est encore safe aujourd’hui ? Nous sommes dans une époque de bouleversement du monde du travail sur fond, entre autres, de révolution numérique, de changement des modes de vie, de remise en cause de la production industrielle massive. Dans les années qui viennent, des dizaines de nouveaux métiers vont apparaître. Ils accorderont sans aucun doute une place plus importante à la créativité. Cela ouvre des perspectives incroyables pour ceux qui doivent s’orienter aujourd’hui.

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