Marquinhos est coupable d’une erreur individuelle sur le deuxième but marqué par Ludogorets | FRANCK FIFE / AFP

Il flottait dans l’air du Parc des Princes, mardi soir, comme un air d’années 1990 : des Bulgares qui viennent créer la sensation dans le stade de la Porte de Saint-Cloud et un Paris Saint-Germain qui, au début de l’hiver, perd son jeu et se montre capable des contre-performances les plus inattendues.

Après une large défaite 3-0 en championnat à Montpellier, samedi, le reléguant à quatre points du leader niçois, le PSG a été tenu en échec 2-2 par les anonymes du Ludogorets Razgrad, qui n’avait jusqu’ici réussi que deux matches nuls dans la compétition, face au FC Bâle.

Le PSG peut plaider l’exceptionnelle réussite de Ludogorets : deux tirs cadrés, deux buts. Comme Montpellier samedi : trois tirs cadrés, trois buts. Mais c’est aussi le reflet de la fébrilité nouvelle de sa défense centrale et de son gardien Alphonse Areola, qui a donc encaissé un but sur les cinq derniers tirs cadrés d’un adversaire.

La défense était jusqu’alors, avec la confiance retrouvée d’Edinson Cavani, l’autre certitude du Paris Saint-Germain d’Unaï Emery. Portée par une charnière centrale brésilienne sûre de son fait et des latéraux interchangeables (Maxwell-Kurzawa à gauche, Aurier-Meunier à droite), elle était la meilleure de Ligue 1 avant de couler à Montpellier. A tel point qu’Alphonse Areola, formé au club et revenu de prêts réussis à Bastia et Villarreal, avait peu l’occasion de justifier son poste de numéro un, à la place de l’Allemand Kevin Trapp.

Mais mardi soir, elle a abandonné Misidjan au point de penalty, qui n’avait qu’à reprendre de la tête le service parfait de Natanael, qui aurait pu rouler une cigarette avant de centrer tant Thomas Meunier l’a laissé faire (15e). En deuxième période, alors que Cavani venait d’égaliser d’un retourné acrobatique, Marquinhos, fébrile, a perdu le ballon devant Cafu (un autre) qui a alors pu servir Wanderson, dont la frappe puissante n’a pu être détournée par Aerola (69e).

« Les erreurs individuelles arrivent. Pour un jeune joueur, faire des erreurs, ça fait grandir, a dit Unaï Emery en référence à Marquinhos. Aujourd’hui (mardi), les petites erreurs se transforment en grandes et font des buts. »

Vingt-cinq tirs, un record pour le PSG qatari

Paris a pourtant, comme l’a souligné son entraîneur, dominé la rencontre et tiré 25 fois aux buts, un record en Ligue des Champions sous l’ère qatarie. Thiago Silva a touché deux fois les montants sur corner et Cavani failli ouvrir le score dès la huitième minute, à l’issue d’un bel enchaînement entre Hatem Ben Arfa et Lucas. Mais la maîtrise du match est le moins que le PSG puisse attendre de ses joueurs à domicile, face à une équipe qui a davantage sa place en Ligue Europa.

Paris affrontera en février, en huitièmes de finale de la Ligue des Champions, un premier de groupe et devra compter sur un peu de chance au tirage (lundi) pour éviter l’Espagne (Atletico Madrid, FC Barcelone ou Real Madrid, en cas de victoire contre le Borrussia Dortmund). Les phases finales de la C1 ne racontent pas toujours la même histoire que les poules automnales, ce qui laisse de l’espoir au PSG version 2016-17, qui jusqu’à présent a livré ses meilleurs matches face aux équipes ne refusant pas le jeu.

Mais pour arriver dans les meilleures dispositions, les Parisiens devront s’éviter une nouvelle désillusion dimanche face au leader de Ligue 1. Nice est en visite pour conserver son matelas de quatre points et sa ligne d’attaque Pléa-Belhanda-Balotelli dessine un autre danger que celle des Brésiliens de Bulgarie.

La crise de novembre ? Un mythe

En l’absence de victoire, les cinq lettres favorites de la presse sportive referont surface et Unaï Emery se verra demander si son équipe est en « crise ». L’occasion de tordre une nouvelle fois le cou à une légende tenace : le PSG ne connaît pas statistiquement des plus mauvais résultats à cette période, même si certaines des contre-performances les plus marquantes ont eu lieu en novembre-décembre (défaite contre l’OM à domicile en 1997, défaite 5-1 à Sedan en 2000, élimination face à l’Hapoël Tel-Aviv en 2006, défaite à Nice en 2012 qui avait rompu la confiance entre Carlo Ancelotti et les Qataris…).

Le site statistique Poteau rentrant (disparu aujourd’hui) avait ainsi analysé les résultats du club parisien entre 1994 et 2009, avant l’arrivée des Qataris, et constaté que c’est après la trêve hivernale qu’il était le plus en difficulté, réalisant une moyenne honorable de 1,53 point par match en automne (contre 1,75 en été, 1,37 en hiver et 1,47 au printemps).

Sur le temps long de l’automne, on peut aussi constater que le PSG a donné l’impression de savoir où il allait lors de son match abouti à Arsenal (2-2), de sa démonstration face à Rennes (4-0) ou de sa victoire à Lyon (1-2). Et que le souci de l’été, portant sur la capacité d’Edinson Cavani à endosser le costume de buteur que lui avait légué Zlatan Ibrahimovic, paraît aujourd’hui bien loin.