Du bloc de cubes jusqu’au chat, il n’y a que quelques déductions. | Nintendo

Personne ne l’avait vu venir : le très austère Picross 3D, sorti en 2009 au Japon (en 2010 en Occident) s’est rapidement imposé comme l’un des titres les plus addictifs de la Nintendo DS. L’un des plus cultes aussi, pour une petite frange de joueurs passionnés de blocs, de chiffres, et de casse-tête retors. Autant dire que pour ces fous du cube, Picross 3D : Round 2 pour Nintendo 3DS, paru le 2 décembre en Europe, était attendu comme l’un des jeux les plus importants de l’année.

Un puzzle de Picross 3D commence toujours avec un bloc de 100 cubes (maximum). Le but : dégager de ce bloc de matière brute une forme (un animal, un personnage, un objet du quotidien) qui y est encastré. Et pour en arriver là, il convient de « casser » les cubes inutiles d’un habile coup de stylet. On pourrait donc un peu hâtivement comparer Picross 3D à de la sculpture, pourtant, ce n’est à aucun moment un jeu créatif, mais bien une série de casse-tête répondant à la seule logique pure.

Casse-tête et indices chiffrés

Pour identifier les cubes surnuméraires et donc dégager la forme qui se cache dans le bloc, le joueur a à sa disposition des indices chiffrés. Ainsi, sur certaines rangées et colonnes s’affichent un nombre : il indique, sur cette ligne, combien de cubes appartiennent à la forme à découvrir et, en creux, combien doivent être détruits. Une ligne de cinq cubes où apparaît le chiffre 4 ? Elle cache donc quatre cubes contigus : il vous faut logiquement détruire le cinquième bloc, l’intrus.

Dès lors, au joueur de croiser les informations des différentes rangées et colonnes, dans une gymnastique mentale qui n’est pas complètement étrangère aux joueurs de sudoku. La subtilité étant que les cubes contigus ou séparés en deux ou plusieurs groupes sont indiqués de façon différente, ce qui ouvre la voie à d’innombrables déductions logiques.

Très simples au départ, les casse-tête se compliquent progressivement. | Nintendo

Davantage de variété

Voilà pour le principe du premier Picross 3D. Terriblement en manque depuis six ans, on se serait contenté d’une suite qui ne proposerait que quelques centaines de casse-tête supplémentaires. Ce serait mal connaître Nintendo et HAL Laboratory, qui ont mis ces années à profit pour enrichir et approfondir la formule, tout en évitant – c’était la gageure – de la rendre plus complexe.

Car dans Picross 3D : Round 2, il y a, accrochez-vous bien, des cubes bleus… et des blocs orange. Une différence d’abord cosmétique, grâce à laquelle les développeurs peuvent apporter un peu de variété dans les objets et animaux à faire découvrir. Surtout, chaque colonne peut désormais être affublée de deux nombres, l’un bleu, l’autre orange, indiquant respectivement la présence de cubes de la couleur correspondante, et élevant au carré le nombre de possibilités.

Un cocon de certitudes

Voilà pour les détails. N’en disons pas plus sous peine de faire passer pour complexe ce qui, stylet en main, relève de l’évidence. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’une nouvelle fois, Nintendo et HAL Laboratory démontrent leur savoir-faire en réussissant à rendre amusante une activité a priori rigoriste.

On le sait pourtant depuis le premier Picross 3D, Minecraft et l’invention du papier bulle : il y a quelque chose de profondément relaxant à exploser des petites cases inutiles. Il y a en plus ici un plaisir quasi-zen à se débarrasser, couche après couche, du superflu pour ne conserver que l’indispensable, voire le beau. Un plaisir de l’épure d’autant plus immédiatement accessible qu’il n’attend pas du joueur une sensibilité artistique forcément subjective, mais une simple capacité à recycler des opérations mathématiques niveau CP en déductions complexes.

Picross 3D : Round 2, c’est aussi un cocon, un univers minuscule entièrement fait de cubes petits et d’objets mignons, régi par des règles ultra-simples qui ne nous trahissent jamais. C’est l’assurance d’avoir à tout moment la situation sous contrôle, d’avancer, à tâtons parfois, vers un but incertain, mais sans jamais se tromper de direction. Picross 3D : Round 2, c’est la petite dose de certitude dont toute personne a besoin dans un monde qui en semble plus que jamais dépourvu.

En bref

On a aimé :

  • Des centaines de nouveaux casse-tête.
  • Des cubes de couleurs différentes, qui démultiplient la variété des situations.
  • Une raison de sortir sa 3DS pour autre chose que Pokémon.

On n’a pas aimé :

  • Scandale : le jeu a une fin, alors qu’on aurait préféré que ça dure jusqu’à la fin des temps.

C’est plutôt pour vous si…

  • Vous êtes un fou de Picross 3D.
  • Vous êtes un malade de sudoku.
  • Vous êtes un taré de jeux d’énigme en général.

Ce n’est plutôt pas pour vous si…

  • La perspective de casser des dizaines de milliers de cubes ne vous réjouit pas outre mesure.

La note de Pixels :

6132 cubes bleus sur 6417 cubes orange.