« Emotion, satisfaction et gratitude » : le premier ministre du Burkina Faso, Paul Kaba Thiéba n’a pas été avare de mots et de synonymes pour remercier les bailleurs bilatéraux et multilatéraux qui ont largement répondu à l’appel de fonds lancé par le pays, mercredi 7 décembre à Paris. Ce sont 12,4 milliards de dollars (11,5 milliards d’euros) de promesses de dons et de prêts à des taux concessionnels qui ont été annoncés pour soutenir le Plan de développement économique et social, que le gouvernement prévoit de mettre en œuvre d’ici 2020. Un montant bien supérieur aux 8,6 milliards de dollars escomptés.

Le tour de table conduit à la baguette par le premier ministre burkinabé qui avait réclamé un chiffre et une déclaration concise de chacun avait l’atmosphère d’une salle de classe. Les meilleurs ont été chaudement applaudis. Le premier d’entre eux – la Banque mondiale – arrachant un soupir de soulagement non dissimulé à M. Kaba Thiéba après une collecte démarrée mollement. La contribution de l’Union européenne a en revanche été accueillie très fraîchement, au point de voir son représentant se sentir obligé d’ajouter que ce chiffre – 800 millions d’euros – « pourrait certainement être dépassé ».

« Chacun doit payer des impôts »

L’aide étrangère financera seulement 34 % de ce plan. Le reste sera assumé par des recettes domestiques. « Nous avons des objectifs et nous voulons montrer que nous nous donnerons les moyens de les atteindre », a expliqué la ministre de l’économie et des finances, Hadizatou Rosine Coulibaly, chargée de la réforme fiscale qui prévoit de porter le taux de pression fiscale de 14 % à 20 % du produit intérieur brut (PIB) en cinq ans. La création d’un impôt sur le foncier et la réforme de la collecte de la TVA sont les deux principales mesures envisagées pour augmenter les recettes de l’Etat. « C’est une question de civisme. Chacun doit payer des impôts pour contribuer au développement du pays », a poursuivi la ministre pour qui, ce qui fera la différence avec les autres plans de développement qui n’ont jamais atteint leurs objectifs, c’est « la gouvernance ». Ancienne fonctionnaire du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), elle affirme avoir déjà « rayer les entreprises qui ne paient pas leurs impôts des appels d’offres publics tout comme celles qui n’ont pas honoré leurs contrats jusqu’au bout. »

Le plan de développement, qui reprend les grandes promesses du programme présidentiel de Roch Marc Christian Kaboré – élu en novembre 2015 –, se fixe pour cap de ramener le taux de pauvreté de 40 % à 35 %. Pour cela, le gouvernement compte relancer la politique d’industrialisation et soutenir davantage l’économie rurale dont dépend la majorité de la population pour vivre. Mais il compte aussi s’atteler à la maîtrise de la croissance démographique en améliorant l’accès des femmes aux services de planning familial. La population, de 18,5 millions, progresse actuellement au rythme de 3,1 % par an.

Soutien des Etats-Unis

La Banque mondiale, avec des engagements de 3,8 milliards de dollars, restera le plus important partenaire financier du pays devant la Banque africaine de développement (1,5 milliard de dollars). Parmi les bailleurs bilatéraux, la France a promis une enveloppe de 461 millions d’euros. Le représentant des Etats-Unis, qui s’est dit « particulièrement fier de pouvoir accompagner un pays qui défend la démocratie en Afrique », a de son côté annoncé une contribution de 100 millions de dollars par an.

Le gouvernement devrait par ailleurs prolonger pour trois ans le programme de stabilité macroéconomique avec le Fonds monétaire international (FMI). Les négociations auront lieu en 2017.