« Le gouvernement a l’intention de poursuivre cette baisse [des ressources fiscales affectées aux CCI] dans le cadre du projet de loi de finances pour 2017 en cours de discussion au Parlement » (Photo: le ministre des finances, Michel Sapin). | ERIC FEFERBERG / AFP

Former les femmes et les hommes dont nos entreprises ont besoin : c’est l’une des principales missions des chambres de commerce et d’industrie (CCI). Cette mission, nous nous y consacrons toutes et tous, au quotidien, dans chacune de nos écoles, avec conviction et par passion.

Les mesures de réduction des ressources fiscales affectées aux CCI, prises par l’Etat depuis 2013, entament significativement notre capacité à accompagner les jeunes et les salariés, dans le développement de leurs compétences, dans leur insertion et leur mobilité professionnelles.

Le gouvernement a l’intention de poursuivre cette baisse dans le cadre du projet de loi de finances pour 2017 en cours de discussion au Parlement, et nous craignons le pire. Car le risque est de mettre en péril le futur de ce que nous avons construit depuis près de deux siècles, avec succès, au service de la réussite de générations d’élèves, d’apprentis et de salariés.

Un acteur majeur de l’éducation

Avec vingt-quatre écoles qu’elles financent, qui forment chaque année plus de 30 000 élèves, du CAP au doctorat, les chambres de commerce et d’industrie d’Ile-de-France sont un des acteurs majeurs de l’éducation dans notre pays.

Afin de répondre aux besoins en compétences de nos territoires et de nos entreprises, elles ont toujours su innover, rester à l’avant-garde, s’adapter, prendre leurs responsabilités, en ouvrant des formations là où des besoins sont détectés, tout en se désengageant des filières pour lesquelles les perspectives sur le marché du travail n’existent plus.

L’alternance est un mode de formation plus que performant, vecteur déterminant d’intégration professionnelle et rempart contre le fléau que constitue le chômage des jeunes

La chambre de commerce et d’industrie de Paris Ile-de-France a créé des écoles professionnelles de renommée, connues et reconnues au-delà même de nos frontières, dans des domaines aussi divers que la gastronomie (Ecole Ferrandi), l’image (Gobelins-L’Ecole de l’image), les parfums (Isipca), l’industrie du vêtement (La Fabrique), les services à l’industrie (CFI/IFA Delorozoy), les éco-activités (Tecomah, Itedec, CFI), les métiers de la vente (Sup de vente), la formation d’ingénieurs (Esiee Paris, l’école de l’innovation technologique), l’informatique (Itescia), les métiers de la gestion de l’entreprise (Essym/Gescia), ainsi que les centres d’apprentissage multidisciplinaires des CCI de Seine-et-Marne et de l’Essonne que sont l’UTEC et la Faculté des métiers.

Elle est aussi à l’origine de l’enseignement supérieur de gestion en France, avec ses grandes écoles de management (HEC Paris, Essec, ESCP Europe), fleurons de l’enseignement français, comme le souligne, entre autres, le dernier classement des masters en management du Financial Times, les plaçant aux toutes premières places mondiales. Et elle les accompagne aujourd’hui dans leur stratégie de développement.

Action menacée

De ces réussites, nous sommes légitimement tous fiers, et partageons cette fierté avec nos équipes éducatives et administratives, nos élèves et leurs familles, nos partenaires et les entreprises qui nous font confiance. Fiers car nos formations sont non seulement adaptées – comme en témoigne un taux d’insertion professionnelle à 7 mois, tout à fait exceptionnel, de plus de 80 % – mais aussi largement ouvertes à tous, grâce à un système de bourses et au développement de l’apprentissage, qui permet d’étudier sans acquitter de frais de scolarité.

Près de la moitié de nos élèves, soit 15 000, sont apprentis : l’alternance entre l’école et l’entreprise est un mode de formation plus que performant, vecteur déterminant d’intégration professionnelle et rempart contre le fléau que constitue le chômage des jeunes. Les CCI d’Ile-de-France sont le premier acteur de l’apprentissage dans la région, elles accompagnent les politiques de développement de ce mode d’enseignement quel que soit le niveau de formation, avec force et conviction.

Le projet de loi de finances prévoit une ponction supplémentaire de 60 millions d’euros pour les CCI, qui se traduirait par une diminution de 14 millions d’euros pour les CCI d’Ile-de-France

Ces réussites et la poursuite même de notre action, au sein de nos écoles, sont donc désormais menacées, car n’oublions pas que la formation, à tous les niveaux, a un coût.

En trois ans, les chambres de commerce et d’industrie d’Ile-de-France ont déjà vu leurs capacités de fonctionnement amputées par l’Etat de 140 millions d’euros, soit une réduction de près de 30 % de leurs ressources, sans que cela ne désendette l’Etat puisque les CCI ne perçoivent rien de son budget !

Capacité d’investissements asséchées

À cela se sont ajoutés, au cours de la même période, des prélèvements sur fonds propres d’un montant cumulé de 150 millions d’euros, qui ont asséché leur capacité d’investissement. En réponse, la CCI Paris-Ile-de-France a su optimiser son fonctionnement et celui de ses établissements, réduire drastiquement ses effectifs de plus de 1 000 postes, soit 20 % de la totalité de ses effectifs.

Elle a été en outre contrainte de vendre une de ses écoles et de programmer la fermeture d’une autre.

Mais voici qu’aujourd’hui, le projet de loi de finances 2017 prévoit une ponction supplémentaire de 60 millions d’euros pour les CCI, qui se traduirait par une diminution de 14 millions d’euros pour les CCI d’Ile-de-France, à laquelle nous ne saurions faire face sans conséquences.

Nous sommes tous mobilisés ensemble quelles que soient les formations que nous proposons, œuvrant à l’échelle du territoire départemental, régional, national ou international, afin que la raison l’emporte au Parlement. Nous demandons ainsi aux députés et sénateurs d’abroger l’article 17 du projet de loi de finances et de soutenir un des dispositifs d’enseignement les plus performants de France en termes d’insertion professionnelle.

Liste des signataires : Fehd-Eddine Bensaid (Directeur de l’UTEC) ; Nathalie Berriat (Directrice de Gobelins, l’école de l’image) ; Jean-Michel Blanquer (Directeur général du Groupe Essec) ; Frank Bournois (Directeur général de l’ESCP Europe) ; Véronique Daubenfeld (Directrice de Sup de vente) ; Eric Denoux (Directeur de l’Essym - IFA Delorozoy) ; Cécile Ecalle-Montier (Directrice de l’Isipca) ; Michaël Etienne (Directeur de l’IFA Adolphe Chauvin) ; Chantal Fouque (Directrice de La Fabrique) ; Bruno Gardet (Directeur du CFI), Caroline Laizeau (Directrice de la Faculté des Métiers de l’Essonne) ; Stéphane Le Men (Directeur de l’Inhac) ; Frédéric Mancini (Directeur de Gescia) ; Bruno De Monte (Directeur de Ferrandi Paris) ; Laurent Plas (Directeur de L’EA - Les écoles des éco-activités) ; Dominique Perrin (Directeur de l’Esiee Paris) ; Yves Portelli (Directeur général adjoint, enseignement-recherche-formation de la CCI Paris-Ile-de-France) ; Denis Poulain (Directeur du CFA UPMC) ; Anne Stéfanini (Directeur de Novancia) ; Richard Skrzypczak (Directeur de l’Itescia) ; Peter Todd (Directeur général de HEC Paris) ; Laurent Trilles (Directeur de l’enseignement de la CCI Paris-Ile-de-France