C’est une visite personnelle mais aussi politique. En pleine campagne pour la primaire de la gauche, dont le scrutin est prévu les 22 et 29 janvier, Arnaud Montebourg sera du 10 au 12 décembre en Algérie, pays natal d’un de son grand-père maternel, Khermiche Ould Cadi, et de sa mère, Leïla Montebourg. Objectif :

« faire le lien entre les deux rives de la Méditerranée, explique l’entourage de l’ancien ministre. Arnaud Montebourg, par son histoire personnelle, porte une voix différente, il représente une sorte de syncrétisme qui parle à de nombreux Français d’origine algérienne. »

Lors de son séjour, organisé en coordination avec les autorités – même si aucun visa n’a été accordé à la presse française pour le suivre –, celui qui se définit comme « arabo-morvandiau » se rendra d’abord à Oran, dans le nord-ouest du pays, où il visitera une usine du français Renault où sont assemblées des berlines destinées au marché local.

L’inauguration de ce site en 2014, en présence de Laurent Fabius, alors ministre des affaires étrangères, et d’Emmanuel Macron, ministre de l’économie, avait engendré une polémique : Marine Le Pen avait accusé le gouvernement de « provocation particulièrement indécente (…) au moment où nos propres usines françaises ferm[ai]ent et les délocalisations s’accél[érai]ent ».

A Alger, ensuite, M. Montebourg aura plusieurs échanges avec des membres du gouvernement et des représentants des autorités. L’ancien ministre participera aussi à un dîner avec le groupe de réflexion CARE et rencontrera la communauté française, ainsi que des représentants de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA), seul syndicat reconnu par les pouvoirs publics algériens.

Lors de son périple, M. Montebourg devrait être accompagné de l’humoriste Guy Bedos, pied-noir né à Alger, qui a récemment annoncé qu’il soutenait l’ancien élu bourguignon dans sa course à l’Elysée.

« J’en suis très fier »

M. Montebourg a également prévu de se rendre dans sa famille, à Hachem, un village à l’est d’Oran. C’est là qu’habitaient ses grands-parents maternels avant de rejoindre la France dans l’entre-deux-guerres puis de revenir en Algérie à la fin des années 1930. Son grand-père a combattu pour la France lors de la seconde guerre mondiale, puis dans les rangs du Front de libération nationale au moment de la guerre d’Algérie.

« C’était un Arabe, j’en suis très fier, il m’a beaucoup transmis », a confié l’ex-ministre à propos de son grand-père lors d’un entretien sur BFM-TV et RMC le 26 septembre. Il rappelait alors qu’« un tiers des Français ont un grand-père étranger ». Les Khermiche s’installèrent définitivement en France en 1962, après les accords d’Evian, qui mirent fin au conflit entre la France et son ancienne colonie.

Selon les proches de M. Montebourg, cette visite doit lui permettre de réaffirmer l’importance d’un partenariat solide entre la France et les pays du Maghreb. Lorsqu’il était à Bercy, le ministre de l’économie expliquait que la Méditerranée devait être à l’Hexagone ce que les pays de l’Est sont à l’Allemagne : un « hinterland » qui permette de fabriquer à bas coût les produits trop chers à faire en Europe.

Sur le plan politique, ce déplacement est aussi un moyen pour le candidat à la primaire de la gauche de s’adresser aux populations, parfois musulmanes, qui ont immigré. « Ce sont souvent des gens qui ont voté François Hollande en 2011 et 2012 mais qui ont été déçus par le quinquennat et qui risquent de s’abstenir en 2017, explique-t-on dans l’entourage de l’ex-avocat. Or ces populations sont importantes dans certains quartiers, il faut leur parler, et Arnaud Montebourg est l’un des seuls à pouvoir le faire. »