Près de 400 migrants originaires d’Afrique subsaharienne ont forcé, vendredi 9 décembre à l’aube, la haute barrière entourant l’enclave espagnole de Ceuta au Maroc, a-t-on appris auprès de la préfecture locale.

Les migrants ont réussi à forcer les portes en deux points de la barrière de six mètres de haut entourant l’enclave. Au cours de cet assaut, deux gardes civils et trois migrants ont été légèrement blessés, a précisé à l’AFP un porte-parole de la préfecture.

Les images publiées par le journal local El Faro de Ceuta sur son site montrent des dizaines de migrants euphoriques, certains torse nu ou pieds nus, criant : « España ! »

Selon le ministre de l’intérieur, Juan Ignacio Zoido, en déplacement à Bruxelles, près 20 % d’entre eux n’étaient pas encore localisés en début de matinée.

« Il faut remonter au début des années 2000 pour atteindre ce genre de chiffres », a déclaré un porte-parole de la préfecture. Le secrétaire d’Etat à la sécurité, José Antonio Nieto, a annoncé un déplacement dans l’enclave à la mi-journée.

« Territoires de non-droit »

La Croix-Rouge affirme avoir soigné 103 migrants, dont 25 ont été transférés à l’hôpital pour des blessures sans gravité lors de l’assaut, essentiellement des points de suture. Selon les images tournées par El Faro, certains semblent blessés, victimes d’écorchures aux pieds ou à la tête, et d’autres étaient encore en début de matinée perchés en haut de la double clôture.

La dernière entrée massive remonte au 31 octobre, quand près de 220 migrants avaient franchi deux portes d’accès de la barrière de Ceuta lors d’un « assaut » similaire qui avait fait 35 blessés dont trois gardes civils.

L’objectif des migrants, sans papiers pour la plupart, est de se rendre au centre de séjour temporaire pour étrangers (CETI), où ils doivent en principe avoir la possibilité de présenter une demande d’asile.

Des organisations de défense des droits de l’homme épinglent régulièrement l’Espagne pour le traitement réservé aux migrants dans les enclaves de Ceuta et Melilla, les deux seules frontières terrestres de l’Union européenne avec l’Afrique.

En novembre, Amnesty International a qualifié ces villes de « territoires de non-droit », dénonçant notamment des violences policières des deux côtés de la frontière et des refoulements illégaux de demandeurs d’asile entrés en territoire espagnol.