Barack Obama a ordonné une analyse approfondie des piratages informatiques menés pendant la campagne présidentielle, déjà considérés par les agences de renseignement américaines comme une « interférence » de la Russie dans le scrutin. Le président élu Donald Trump, qui a multiplié durant la campagne les propos flatteurs envers le président russe Vladimir Poutine, a toujours affirmé qu’il ne croyait pas à une intervention de Moscou visant à affaiblir sa rivale démocrate Hillary Clinton.

Craignant que la question ne soit glissée sous le tapis par le futur gouvernement Trump, des élus démocrates de haut rang ont réclamé au président sortant de rendre publics les éléments essentiels de ce dossier. M. Obama a exigé « un examen complet de ce qui s’est passé lors du processus électoral 2016 », a déclaré vendredi 9 décembre Lisa Monaco, sa conseillère à la sécurité intérieure, qui précise qu’il souhaite disposer d’un rapport avant son départ, le 20 janvier.

Au début d’octobre, le département de la sécurité intérieure et la direction du renseignement ont conclu que la Russie avait piraté les comptes de personnalités et d’organisations politiques dans le but « d’interférer dans le processus électoral américain ». Les deux agences faisaient référence à la publication par le site WikiLeaks de courriels piratés sur les comptes de John Podesta, directeur de campagne de la candidate Clinton, et du Parti démocrate.

« La Russie fragilise notre pays »

« En sapant la confiance des Américains et des étrangers dans les institutions américaines, la Russie non seulement fragilise notre pays mais aussi génère de l’incertitude et de l’instabilité au niveau mondial », ont expliqué des responsables démocrates de la Chambre des représentants dans un courrier à M. Obama. Les élus ne prétendent pas contester le résultat de l’élection mais veulent rendre public le fait qu’un pays étranger ait pris des initiatives qui érodent les fondations de la démocratie américaine.

Dans un courrier daté du 29 novembre, le sénateur Ron Wyden et six autres démocrates de la commission du renseignement du Sénat demandent également au président Obama d’en dire plus.

Dégâts

Publiés au compte-gouttes pendant des mois avant l’élection, ces courriels ont fait des dégâts. Plusieurs d’entre eux, publiés juste avant la convention d’investiture du Parti démocrate en juillet, ont conduit à la démission de Debbie Wasserman Schultz, présidente du comité national du parti. Ils ont aussi révélé des détails sur les discours rémunérés de Mme Clinton devant des banquiers de Wall Street.

Ces révélations ont nourri les accusations d’une intervention de Moscou dans la campagne au profit de M. Trump, qui a des entreprises en Russie et une vision moins antagoniste du président russe que le gouvernement Obama et Mme Clinton.

Interrogé mercredi par le magazine Time, qui lui demandait si les conclusions des agences de renseignement étaient politiquement motivées, le président élu a répondu : « Je le crois. A chaque fois que je fais quelque chose, ils disent Oh, c’est la Russie qui s’en est mêlée. » Les élus républicains ne se sont pas joints à cette demande d’examen supplémentaire, s’inquiétant d’une initiative qui plomberait les débuts de la présidence de M. Trump.