« De fortes preuves d’un dopage institutionnalisé entre 2011 et 2015 », concernant plus de 1 000 sportifs russes et plus de 30 disciplines, ont été mis au jour lors des investigations menées sous l’égide du juriste canadien Richard McLaren, qui a dévoilé, vendredi 9 décembre à Londres, son rapport final.

« Une conspiration institutionnelle a été mise en place pour les sports d’hiver et d’été avec la participation du ministère des sports et de ses services comme l’agence russe antidopage (Rusada), (…) le laboratoire antidopage de Moscou, aux côtés du FSB (services secrets), afin de manipuler les contrôles antidopage », a expliqué Richard McLaren en conférence de presse.

« Plus de 1000 athlètes russes participant à des disciplines d’été, d’hiver ou paralympiques ont été impliqués ou ont bénéficié de ces manipulations pour contourner les contrôles positifs », conclut le rapport.

Le premier volet du rapport, divulgué en juillet, avait mis au jour une tricherie spécifique pour les Jeux d’hiver 2014 organisés à Sotchi où la Russie avait triomphé devant Vladimir Poutine. Ce sont les aveux de Grigory Rodchenkov, l’ancien patron du laboratoire antidopage de Moscou, aux journalistes du New York Times, en mai, qui avait conduit l’AMA a confié une enquête indépendant au juriste Richard McLaren.

Le rapport final dévoilé vendredi confirme que la fraude étaity généralisée à l’ensemble des grandes compétitions qui ont eu lieu durant la période 2011-2015. A savoir également les Jeux olympiques et paralympiques de 2012 à Londres ainsi que les Mondiaux d’athlétisme à Moscou en 2013 ou encore les Universiades de 2013, compétition réservée à la jeunesse, à Kazan.

« Du sel et du Nescafé ajoutés dans les échantillons urinaires »

« Cette manipulations systématique et centralisée des contrôles antidopage a évolué et a été affinée au fur et à mesure de son utilisation, aux Jeux olympiques de Londres en 2012, aux Universiades de 2013, aux championnats du monde d’athlétisme 2013 à Moscou, et aux Jeux d’hiver à Sotchi en 2014 », précise le rapport.

« L’évolution de l’infrastructure visait à répondre aux changements de règlement de l’Agence mondiale antidopage (AMA) et de ses interventions inopinées », a souligné le juriste.

Les découvertes faites par l’équipe McLaren mêlent professionnalisme et méthodes artisanales. « Du sel et du Nescafé ont ainsi été ajoutés dans les échantillons urinaires » pour fausser les résultats, a expliqué M. McLaren.

Cette démarche institutionnelle de triche s’inscrivait dans une stratégie d’Etat, notamment pour les Jeux olympiques d’hiver de 2014. « Cela visait à assurer à la Russie, le pays hôte, qu’il pourrait décrocher le plus de médailles possible en permettant à ses meilleurs sportifs prétendant à une médaille de se doper et, parfois, dans certains cas, y compris pendant les Jeux », a encore développé M. McLaren.

Ce système de manipulation a ainsi bénéficié a quinze médaillés olympiques à Londres et douze à Sotchi.