Combattants rebelles dans l’ouest d’Alep, le 9 décembre. | Thaer Mohammed / AFP

L’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU) a adopté vendredi 9 décembre à une large majorité une résolution qui demande la fin du carnage en Syrie avec un cessez-le-feu immédiat et la livraison d’urgence d’aide humanitaire. Le texte proposé par le Canada a été adopté par 122 pays sur 193. Treize pays, dont la Russie, l’Iran et la Chine ont voté contre, 36 se sont abstenus et 22 n’ont pas pris part au vote.

Cette demande de cessez-le-feu immédiat est décidée au moment où les forces du président syrien Bachar Al-Assad ont repris leurs raids aériens dévastateurs sur les quartiers rebelles d’Alep, où vivent encore environ 100 000 civils, selon l’ONU. Les Nations unies ont en outre exprimé leurs préoccupations concernant des informations sur la disparition de centaines d’hommes s’étant réfugiés dans les zones contrôlées par le régime.

Le texte réclame une « cessation complète de toutes les attaques contre des civils » et demande de lever tous les sièges en autorisant un « accès humanitaire rapide, sûr, prolongé, sans entrave et inconditionnel » en Syrie. Le Liban, l’Irak, l’Afrique du Sud, le Nigeria et l’Inde notamment font partie des pays qui se sont abstenus.

« Principes de base »

« C’est un vote pour défendre les principes de base qui devraient régir les agissements des Etats, même en temps de guerre », a déclaré en amont du vote Samantha Power, ambassadrice des Etats-Unis auprès des Nations unies. Elle a dit devant l’Assemblée générale que la résolution avait pour but de « dire à la Russie et à Al-Assad de stopper le carnage ». L’ambassadrice a demandé au régime syrien et à ses alliés de permettre aux civils de quitter l’est d’Alep et de laisser les combattants rebelles sortir de la ville. « Ne les envoyez pas se faire torturer dans les prisons du régime », a-t-elle réclamé.

Vitali Tchourkine, ambassadeur de Russie auprès de l’ONU, a accusé les Etats-Unis d’adopter une « rhétorique agressive ». Il estime que la résolution comporte des « défauts majeurs », car elle ne tient pas compte de la nécessité de combattre les groupes « terroristes ».

Plus tôt cette semaine, la Chine et la Russie ont mis leur veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité pour un cessez-le-feu de sept jours à Alep. Moscou, allié du régime de Damas, utilisait pour la sixième fois son droit de veto au Conseil pour bloquer une action contre la Syrie.

« Sauver Alep »

Samedi, à Genève, des militaires et diplomates américains et russes doivent se réunir pour tenter de « sauver Alep » grâce à un projet de cessez-le-feu, d’évacuation de civils et de rebelles et d’acheminement d’aide humanitaire, selon John Kerry, secrétaire d’Etat des Etats-Unis.

« Aujourd’hui, j’ai travaillé et je continue de travailler sur la manière de sauver Alep d’une destruction absolument totale (…). Demain, une équipe venue d’Amérique, sous la direction du président Obama, sera à Genève avec les Russes, et nous parviendrons, je l’espère, à une sorte d’arrangement pour voir comment protéger les civils et ce qui peut se passer avec l’opposition armée », a déclaré M. Kerry lors d’une réception à l’ambassade des Etats-Unis à Paris, après une réunion internationale sur la Syrie dans la matinée dans la capitale française.

D’après un responsable du département d’Etat, la réunion genevoise se déroulera à un niveau « technique, pas du tout au niveau des ministres des affaires étrangères ». Ce diplomate américain a précisé qu’il s’agissait de discuter d’un plan pour Alep en trois volets : « Cessez-le-feu, aide humanitaire et départ de l’opposition et des civils d’Alep ». La Russie, alliée du régime de Damas, a dit avec force vendredi que l’offensive syrienne ne cesserait à Alep qu’après le départ de tous les rebelles, assiégés avec des dizaines de milliers de civils sous un déluge de feu.

« Ce qui se passe à Alep est la pire catastrophe, ce qui se passe en Syrie est la pire catastrophe depuis la seconde guerre mondiale. C’est inacceptable. C’est atroce », a dit avec insistance le secrétaire d’Etat américain, qui quittera ses fonctions le 20 janvier après avoir tenté pendant près de quatre ans, en vain, de trouver un règlement diplomatique et politique au conflit. Plus de 300 000 personnes ont péri depuis mars 2011 en Syrie et plus de la moitié de la population a été déplacée.