Liviu Dragnea a revendiqué la victoire au nom de son parti, le PSD. | DANIEL MIHAILESCU / AFP

Un an après avoir dû quitter le pouvoir à la suite d’un incendie dans un club de Bucarest qui a tué 64 personnes, le Parti social-démocrate (PSD) est en passe de revenir aux affaires en Roumanie.

Les premières estimations après les élections législatives les créditent de 45 % des voix, loin devant ses adversaires du centre droit. Les premiers résultats définitifs sont attendus vers 23 heures, mais le président du PSD, Dragnea Liviu, a déjà revendiqué la victoire.

Le taux de participation n’a été que de 40 %, ce qui explique en partie le bon score du PSD. Il a bénéficié de son électorat historique, rural, âgé et mobilisé, qu’il a convaincu avec un programme promettant des hausses de salaire immédiates et des investissements publics massifs. Avec l’aide du parti libéral Alde, qui, selon les premières estimations, parviendrait à atteindre les 5 % nécessaires pour entrer au Parlement, le PSD flirte avec la majorité absolue.

Pas de premier ministre « ayant des démêlés avec la justice »

L’incendie meurtrier dans le club Colectiv avait symbolisé la corruption endémique en Roumanie et poussé le premier ministre de l’époque, Victor Ponta, à la démission. Des manifestations immenses avaient réclamé un changement de gouvernement et la fin de l’impunité.

Mais aucun parti opposant n’a semble-t-il pu s’appuyer sur cette colère de la société civile pour proposer un projet politique séduisant. Le Parti national libéral (PNL) et l’Union sauvez la Roumanie (USR), deux partis de centre droit, ne recueillent respectivement que 21 % et 9 % des voix, d’après les premiers sondages à la sortie des bureaux de vote, soit un net recul par rapport aux sondages réalisés avant le scrutin.

En attendant les résultats définitifs, la seule incertitude demeure le nom du futur premier ministre dans un gouvernement dominé par le PSD. M. Ponta, conspué par la rue et poursuivi pour blanchiment d’argent et évasion fiscale, a été mis à l’écart et c’est Liviu Dragnea, son ancien numéro 2, qui est favori. Dimanche 11 décembre, il a refusé de dire s’il briguait le poste, mais l’a clairement laissé entendre.

Si c’est le cas, cela posera problème. Il avait été obligé de démissionner en 2015 après avoir été condamné à deux ans de prison avec sursis pour fraude électorale. La loi roumaine interdit à toute personne ayant été condamnée par la justice de devenir ministre. Et le président de centre droit, Klaus Iohannis, a promis qu’il exclurait de la liste des premiers ministrables « toute personne ayant des démêlés avec la justice », ce qui concernerait les deux hommes forts du PSD.