Yahya Jammeh avait initialement reconnu sa défaite à l’élection. | ISSOUF SANOGO / AFP

Sous d’intenses pressions internationales pour qu’il cède le pouvoir, le chef de l’Etat gambien sortant Yahya Jammeh va contester en justice les résultats de l’élection présidentielle. C’est ce qu’a annoncé dans la nuit de samedi 10 à dimanche 11 décembre son parti, après la victoire de son opposant Adama Barrow.

La situation était calme dimanche à Banjul, quadrillée par les forces de sécurité depuis vendredi soir. Yahya Jammeh était ce soir-là revenu sur une précédente déclaration dans laquelle il reconnaissait sa défaite au scrutin du 1er décembre. Il avait alors réclamé un nouveau vote.

Le brusque revirement de Yahya Jammeh, qui dirige le pays d’une main de fer depuis vingt-deux ans, a suscité une vague de condamnations de la communauté internationale, qui l’a pressé de reconnaître sa défaite et de céder le pouvoir au président élu.

Appels au calme

Le Sénégal, unique voisin de la Gambie et premier pays à avoir condamné le revirement de Yahya Jammeh, avec lequel il entretient des relations difficiles, a réitéré son appel au calme. « En Gambie, j’en appelle au respect du choix du peuple ami et souverain, dans la paix et le dialogue », a écrit le président sénégalais Macky Sall sur son compte Twitter dans la nuit de samedi à dimanche.

Au nom de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), dont elle est la présidente en exercice, Ellen Johnson Sirleaf, chef de l’Etat du Liberia, a estimé que ce revirement était « inacceptable et menaçait la paix non seulement en Gambie, mais dans toute la sous-région d’Afrique de l’Ouest ». Selon un communiqué publié par la présidence libérienne et la Cédéao, Mme Sirleaf a « également adressé un message personnel au président Jammeh pour lui demander d’accepter les résultats de l’élection ».

Dans sa déclaration vendredi, M. Jammeh a assuré que « l’intervention de puissances étrangères ne changerait rien », prévenant qu’il ne tolérerait aucune protestation dans les rues.

Le président élu a appelé samedi M. Jammeh à accepter sa défaite, rejetant sa demande de nouveau scrutin, et a invité ses propres partisans au calme. « Je l’exhorte à changer de position et à accepter de bonne foi le verdict du peuple », a déclaré M. Barrow à l’issue d’une réunion de l’opposition, soulignant que le président n’avait pas le pouvoir constitutionnel de convoquer un nouveau scrutin.