Vincent Peillon s’était éloigné de la vie politique française depuis deux ans et demi. | MARTIN BUREAU / AFP

L’ex-ministre Vincent Peillon a annoncé, dimanche soir au journal de 20 heures de France 2, sa candidature à la primaire de la gauche.

« Je suis sans doute le seul candidat, dans cette primaire, de la Belle alliance (populaire) », a-t-il déclaré alors qu’on lui demandait s’il était candidat. « La primaire est une machine à fabriquer de l’unité. (...) Je veux être le candidat du rassemblement », a-t-il souligné.

Retiré de la scène politique hexagonale, M. Peillon, eurodéputé de 56 ans, se consacrait depuis deux ans et demi, en Suisse, à ses cours de philosophie à l’université de Neuchâtel et à l’écriture de romans, dont le prochain doit sortir en février.

« Il considère que les candidats actuels ne représentent pas le cœur du PS et ne permettent pas de rassembler largement. Arnaud Montebourg et Manuel Valls, ça ne représente que les deux bouts de l’omelette », expliquait l’un de ses amis au Monde cette semaine.

Un paysage chamboulé à gauche

La candidature de l’ancien ministre de l’éducation nationale à la primaire socialiste des 22 et 29 janvier intervient dans un paysage chamboulé à gauche par le renoncement de François Hollande et l’absence de leaders incontestés.

Soutenu par plusieurs députés – Patrick Mennucci, Eduardo Rihan Cypel, Patrick Bloche –, M. Peillon affrontera ses anciens collègues du gouvernement, Manuel Valls, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon.

Selon plusieurs élus socialistes interrogés par l’Agence-France-Presse, la candidature de M. Peillon aurait été encouragée par « des proches de Stéphane Le Foll ». D’autres y voient la main du commissaire européen Pierre Moscovici, ou encore de Martine Aubry, qui a fermement démenti. L’entourage d’Anne Hidalgo a de son côté, fait savoir que la maire de Paris, sans avoir suscité cette candidature, la regardait « d’un bon œil ».

Une candidature « pour affaiblir », selon M. Valls

Manuel Valls, de son côté, a accueilli plutôt fraîchement ce retour de Vincent Peillon. « On ne peut pas être candidat pour affaiblir. C’est ma conception. On ne peut pas être candidat contre », a-t-il dit mercredi. « C’est un garçon intellectuel qui réfléchit aux problèmes de la France. Et je ne vais pas le disqualifier d’un mot ou d’une formule », avait aussi tempéré l’ancien premier ministre.

Ses proches sont plus sévères, évoquant une candidature qui s’apparenterait à une « mauvaise plaisanterie » liée à l’« amertume », un « concours Lépine de celui qui se dit ça y est, je me lève ce matin et je suis candidat” ».

La candidature de M. Peillon n’est pas non plus forcément une bonne nouvelle pour Arnaud Montebourg et Benoît Hamon : si elle affaiblit Manuel Valls au premier tour, elle est susceptible de lui apporter un réservoir de voix pour le second.

Candidature à la primaire de la gauche, mode d’emploi

Les candidats socialistes à la primaire de la gauche ont du 1er au 15 décembre pour se présenter au scrutin. Pour ce faire, ils doivent réunir les parrainages de 5 % de l’un des groupes suivants :

  • membres titulaires du conseil national ;
  • ou parlementaires socialistes ;
  • ou conseillers régionaux et départementaux socialistes représentant au moins quatre régions et dix départements ;
  • ou maires socialistes de villes de plus de 10 000 habitants représentant au moins quatre régions et dix départements.

Chaque candidat devra également signer une « charte d’éthique » fixant les règles de conduite durant la campagne, ainsi qu’une déclaration d’engagement sur le rassemblement des candidats à l’issue du scrutin. Le PS s’est engagé à verser 50 000 euros à chaque candidat pour sa campagne.

Chaque candidature sera ensuite examinée puis validée par une Haute autorité des primaires citoyennes, le 17 décembre, date qui marquera le lancement de la campagne.