Facebook a publié une annonce pour embaucher un responsable médias. | JUSTIN TALLIS / AFP

« Vingt ans d’expérience dans l’information ». C’est le profil que recherche actuellement Facebook, dans une annonce publiée sur son site en début de semaine, pour son futur « directeur des partenariats avec les médias ». Un mois après l’élection présidentielle américaine, qui lui a valu un flot de critiques l’accusant d’avoir laissé proliférer de fausses informations sur son réseau social, cette annonce n’est pas passée inaperçue.

Facebook dispose déjà d’un « responsable des partenariats avec les médias », Andy Mitchell, qui avait auparavant travaillé une quinzaine d’années pour CNN et le site The Daily Beast, côté marketing. Sans préciser quelles seront les différences exactes entre les deux postes, ou si la nouveau remplacera le second, Facebook explique que l’objectif du nouveau responsable de l’information sera de « devenir le représentant de l’entreprise auprès des médias du monde entier », mais aussi d’être « un porte-parole de Facebook et de son rôle dans l’écosystème de l’information ».

« Un dialogue transparent »

Le futur responsable médias devra, entre autres, « développer des stratégies et des programmes pour encourager une plus grande collaboration entre Facebook et les médias », « solliciter et prendre en compte les remarques des médias sur le développement de produits », mais aussi « communiquer clairement et promouvoir un dialogue transparent avec les médias ».

Le rôle de Facebook, qui rassemble pas moins de 1,8 milliard d’utilisateurs actifs, dans l’information des internautes est au cœur d’un débat qui a redoublé de vigueur avec la victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine. Plusieurs éditorialistes ont accusé le réseau social d’avoir favorisé la victoire du républicain, en laissant passivement de fausses informations se propager et en enfermant les utilisateurs dans une « bulle filtrante » – c’est-à-dire qu’ils n’étaient confrontés qu’à des opinions conformes aux leurs.

Facebook avait à l’inverse été accusé, en mai, de faire le jeu des démocrates : un article publié sur le site Gizmodo affirmait que le réseau social censurait des sites conservateurs dans ses « trending topics », une fonctionnalité uniquement disponible aux Etats-Unis, qui affiche les « sujets populaires sur Facebook en ce moment ».

Facebook reste prudent

Depuis ses débuts, la politique de modération de Facebook est aussi scrutée, à la fois critiquée pour manquer d’efficacité pour retirer certains contenus, faisant l’apologie du terrorisme par exemple, mais aussi pour se montrer trop prompte à supprimer sans discernement la moindre image de poitrine dénudée. En septembre, le réseau social avait une nouvelle fois été montré du doigt, après avoir censuré une célèbre photographie historique, montrant une fillette nue fuyant un bombardement au napalm pendant la guerre du Vietnam. L’image avait notamment été supprimée du compte de l’Aftenposten, un journal norvégien, qui avait répliqué en consacrant sa « une » à cette censure.

Ce contexte tendu force Facebook à se poser une question qu’il a toujours préféré ignorer : est-il toujours seulement une entreprise développant des nouvelles technologies, ou doit-il commencer à se comporter comme un média ? Doit-il prendre des responsabilités journalistiques et mener des choix éditoriaux, comme le réclament certains observateurs ? Le réseau social marche sur des œufs. Pour le moment, son fondateur, Mark Zuckerberg, refuse de s’engager. « Je crois que nous devons être extrêmement prudents par rapport à l’idée de devenir nous-mêmes des arbitres de la vérité », avait-il expliqué peu après l’élection, en s’exprimant sur la question pressante des fausses informations. L’embauche d’un nouveau responsable des médias pourrait être un nouvel élément de réponse.