Après la défaite de Yahya Jammeh, le 2 décembre 2016, à Banjul. | MARCO LONGARI/AFP

Le Conseil de sécurité de l’ONU a exhorté, lundi 12 décembre, le président sortant de la Gambie, Yahya Jammeh, qui conteste sa défaite à l’élection présidentielle, à recevoir une mission de chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest attendue à Banjul ce mardi.

Le Conseil s’est réuni en consultations à huis clos à la demande du Sénégal, après la volte-face de M. Jammeh et son refus de reconnaître le résultat de l’élection du 1er décembre, remportée par Adama Barrow.

Samedi, le Conseil avait adopté une déclaration unanime de ses quinze membres appelant M. Jammeh à « respecter le choix du peuple souverain de Gambie » et à céder le pouvoir au président élu Adama Barrow. M. Jammeh avait reconnu le 2 décembre sa défaite avant de changer d’avis une semaine plus tard.

« Diplomatie préventive »

La mission prévue de chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) comprend plusieurs poids lourds. Elle devrait être emmenée par le chef d’Etat libérien Ellen Johnson Sirleaf, présidente en exercice de la Cédéao, et comprendra ses homologues nigérian Muhammadu Buhari, sierra-léonais Ernest Bai Koroma et ghanéen John Dramani Mahama, qui vient lui-même de concéder sa défaite aux élections générales au Ghana du 7 décembre 2016.

« Cette délégation veut rencontrer Yahya Jammeh pour lui demander de quitter le pouvoir », a précisé à l’AFP une source au ministère sénégalais des affaires étrangères.

Le Conseil de sécurité n’a en revanche pas discuté de mesures pour forcer M. Jammeh à se soumettre au verdict des urnes. La Cédéao, elle, en cas d’échec de cette « diplomatie préventive », envisagera « des décisions plus draconiennes », a fait savoir le président de la Commission de l’organisation régionale, Marcel Alain de Souza, dans une interview à la radio française RFI, sans écarter l’option militaire.

« Je pense qu’il [M. Jammeh] devrait démissionner maintenant, a déclaré de son côté le vainqueur de l’élection, Adama Barrow, à l’AFP. Il a perdu l’élection, nous ne voulons pas perdre de temps. » L’opposition nie au président sortant le pouvoir d’en appeler à la Cour suprême pour contester les résultats, arguant que la Cour n’était plus au complet et que la désignation de nouveaux juges entraînerait inévitablement des délais supplémentaires.