Nico Rosberg, de passage au drugstore Mercedes des Champs-Elysées le 13 novembre. | CAP / LEMONDE

Nico Rosberg a eu raison de prendre sa retraite. Le champion du monde des pilotes de formule 1 a l’air tellement heureux, détendu dans les rues de Paris, ville qu’il a choisie pour effectuer, mardi 13 décembre, une tournée touristico-médiatique que son nouveau statut d’inactif autorise. Elevé à Monaco, parlant parfaitement français, champion de France de karting 2010, il s’y sent chez lui.

La virée du pilote allemand, organisée par Mercedes, était en partie relayée par Canal+ Sport, unique télé nationale à retransmettre l’intégralité du championnat de F1. Invité d’Infosport (justement une chaîne du groupe Canal) à 11 heures, « Nico » remontait ensuite la plus belle avenue du monde jusqu’au showroom Mercedes.

Point de barnum, face à l’avenue Georges-V. Juste quelques badauds, à l’extérieur, guettent l’arrivée du champion. Place de la Concorde, il tient à être photographié dans l’axe de l’Arc de triomphe, en « vrai » touriste, avant d’effectuer son arrivée, tout sourire, avec son immense coupe dorée à la main. « A l’hôtel, le serveur a commencé à verser des cubes de glace dedans », racontera-t-il en aparté.

A l’intérieur, une poignée d’invités. L’heure n’est pas aux règlements de compte. Comme si la retraite du champion du monde n’était toujours pas assimilée. « On ne se rend pas compte à quel point un pilote ou un sportif de très haut niveau vit sous tension », avait commenté Jean Todt, président de la Fédération internationale de l’automobile (FIA), juste après l’annonce de Nico Rosberg, le 2 décembre à Genève. Jean Todt, qui rappelait l’angoisse de Michaël Schumacher avant chaque reprise de saison. La peur de ne plus savoir, de ne pas tenir.

Arrivée de Nico Rosberg au drugstore Mercedes des Champs Elysées, à Paris, le 13 novembre. | CAP / LE MONDE

Pour le champion allemand, l’heure était aux éclaircissements. Cette retraite, est-il vrai qu’il n’a pas osé l’annoncer de vive voix, dans l’avion, à Toto Wolff, patron de Mercedes Motorsport ? Le pilote contourne : « J’avais dormi trois heures en deux jours. J’ai pensé qu’il valait mieux reporter, ne pas parler dans l’intensité du moment. » Il lui a téléphoné le lendemain. « Le plus dur a été effectivement vis-à-vis de l’équipe. Depuis sept ans que je roule avec eux, les mettre dans cette situation… Cela a été un des moments les plus durs pour moi. »

Quant à l’événement qui a servi de déclencheur à sa décision, Nico Rosberg répète qu’il s’est produit à Suzuka, lorsque avec 33 points d’avance il a compris qu’il pouvait être le premier, et non plus « deuxième ou troisième ». Il pouvait enfin réaliser son rêve d’enfance, « probablement inspiré par mon père », d’être champion du monde. « Je pense que j’ai atteint le mieux que je puisse faire. De plus, je n’ai jamais dit que je voulais être plusieurs fois champion du monde », fait-il remarquer.

« Deux champions du monde à Noël »

Au volant, si sa plus belle course de l’année a été, de l’avis de tous, celle de Singapour, la plus dure fut l’ultime et décisive étape du 27 novembre. Les dix derniers tours d’Abou Dhabi, précisément, lorsque son partenaire, l’Anglais Lewis Hamilton, ralentit volontairement la cadence afin que Max Verstappen (Red Bull) et Sebastian Vettel (Ferrari) reviennent sur lui – Nico Rosberg devait impérativement finir 3e pour s’assurer le titre. « Lewis aurait pu faire bien pire », tempéra son père Keke, à l’issue du Grand Prix.

Mission accomplie, Nico Rosberg peut désormais passer à autre chose. « Vous vous rendez compte, à Noël, à table, ma mère va être assise entre deux champions du monde. » Sa mère, personnage central, élégante, raffinée, est en retrait. Ses parents, qu’il a remerciés après sa victoire, mais dont il ne suivra pas totalement l’exemple. Alors qu’ils l’ont assis dans un kart à 5 ans, Nico n’a qu’un rêve pour sa fille : qu’elle n’ait pas envie de piloter.

« Pour battre Lewis et les autres, il faut tout mettre de côté », rappelait Nico. Ce temps est terminé. Il n’a pas l’intention pour autant de pouponner 24 heures sur 24, pas plus que de faire du cinéma, démentant au passage la rumeur lancée la veille. « J’adore notre sport, j’espère y rester. Je cherche comment. » Sa dose d’adrénaline, il compte la puiser dans le « business ». Toujours sous contrat chez Mercedes, Nico Rosberg a fait part de son intérêt pour la future GT sport que la marque allemande va sortir prochainement, équipée d’un moteur de F1. Une première technologique.

Une façon d’aider le constructeur, dont la suprématie pourrait bien s’effilocher la saison prochaine, alors qu’il doit trouver un successeur à son champion. « Difficile de me remplacer, en toute modestie », reconnaît-il. Sur les rangs actuellement, le jeune Pascal Wehrlein (un pari) ou l’expérimenté Valtteri Bottas (Williams), voire l’Espagnol Fernando Alonso, champion du monde en 2005. En attendant de connaître le nom de l’heureux élu, Nico Rosberg le répète une dernière fois. Il se sent « libéré, très très bien. »