Palmyre, le 27 mars 2016. | MAHER AL MOUNES / AFP

Deux jours après avoir repris Palmyre, les djihadistes de l’organisation Etat islamique (EI) continuaient de progresser le long de l’axe qui relie la ville antique à Homs, à 160 kilomètres à l’ouest, menaçant désormais la base aérienne T4, l’une des plus importantes du pays, à une soixantaine de kilomètres. Après s’être emparé d’une installation de la défense aérienne, l’EI affirmait viser l’aéroport, dans la soirée de lundi 12 décembre, « avec toutes sortes d’armes ». Les aviations syrienne et russe ont évacué leurs appareils.

Cette offensive suscite de vives inquiétudes en Turquie, en guerre contre l’EI, où des sources militaires craignent que les djihadistes aient pu mettre la main sur des Manpad, des missiles sol-air de courte portée tirés à épaule d’homme.

Moscou, embarrassé par cette irruption de combattants de l’EI à Palmyre, en pleine offensive finale contre Alep, met en cause la responsabilité supposée des Etats-Unis. En déplacement à Belgrade, le ministre des affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, a dénoncé l’offensive djihadiste destinée à divertir l’attention des forces gouvernementales d’Alep. « Ils ont lancé leur offensive à partir de l’Irak et apparemment de Mossoul. Ils ont progressé à travers des territoires où les avions de la coalition menée par les Etats-Unis patrouillent. Tout ça fait penser – et j’espère me tromper – que cette attaque a été orchestrée et coordonnée pour offrir un répit aux voyous qui sont retranchés à Alep », a-t-il ajouté.

Intense activité militaire

Selon l’armée russe, qui indique mener des frappes contre l’EI dans la périphérie de Palmyre, 4 000 djihadistes auraient été déployés par l’EI dans la région. « S’ils avaient vraiment été 4 000, ils seraient déjà en bas de chez moi », ironise un opposant à Homs, qui fait toutefois état d’une intense activité militaire gouvernementale aux portes de la ville. En fait, quelques centaines de djihadistes auraient participé à l’assaut initial de Palmyre, selon des opposants locaux.

Dans Palmyre, le groupe djihadiste continue de faire le décompte de ses « trophées ». Après les stocks d’armes, les « prisonniers » : une douzaine de miliciens présumés du régime ont ainsi été exhibés dans une vidéo diffusée lundi. La coalition révolutionnaire de Palmyre, un réseau de l’opposition modérée, qui s’appuie sur des témoignages de proches, assure au contraire que certains n’ont rien à voir avec les milices gouvernementales. Il s’agirait en fait de simples habitants de la ville raflés par l’EI, brutalisés et filmés à des fins de propagande.