Arnaud Montebourg, à Oran, le 10 décembre. | RYAD KRAMDI / AFP

Arnaud Montebourg, candidat à la primaire à gauche, était mardi 13 décembre, l’invité du petit déjeuner Cevipof-Ipsos-Le Monde.

Selon notre enquête, votre score à la présidentielle est estimé entre 6 % et 7 % des intentions de vote…

Arnaud Montebourg : Gerhard Schröder disait : « Certains gagnent les sondages, moi je préfère gagner les élections. » C’est une analyse assez juste. Si on écoute la vision décrite par les enquêteurs, il n’y a plus de politique. Il n’y a plus de débat public sur les orientations. J’ai fait une primaire il y a cinq ans entre 0 % et 2 % et j’ai fini à 17 %. Je ne travaille pas avec l’opinion telle qu’elle est, j’essaie de convaincre l’opinion. C’est la raison pour laquelle je ne commente jamais les sondages.

Qu’est-ce qui vous éloigne de Manuel Valls ?

On a un énorme problème avec Manuel Valls sur la question démocratique. Sa politique a été, si je la résume, libérale autoritaire. Le système libéral a besoin d’autoritarisme pour s’imposer : le 49.3, etc. Les deux points, libéral et autoritaire, ça pose quand même d’énormes problèmes. L’épisode de la loi travail est un exemple. Après, il y a eu la déchéance de nationalité. Ça a désarticulé la gauche.

Nous avons publié dans « Le Monde » daté du 13 décembre un appel des ministres des affaires sociales à réformer la directive sur les travailleurs détachés. Vous êtes toujours favorable au démantèlement de cette règle ?

Pour nous, le préjudice est énorme. Il y a un rapport parlementaire qui évalue à entre 200 000 et 500 000 travailleurs détachés sur notre territoire. C’est le dumping social à domicile. On a 5 millions de chômeurs. On accepte que des grands groupes comme Vinci raflent les petits marchés partout sur le territoire et recrutent ensuite massivement en Roumanie, en Pologne leurs employés, les paient 50 % moins cher, et prennent leurs marchés à toutes les PME, qui font faillite.

Sur l’Europe, quelle est votre différence avec Marine Le Pen qui est aussi contre l’Union européenne ?

Je suis, en ce qui me concerne, favorable à la restructuration de l’Union européenne et son sauvetage. Je ne veux pas la fin de l’euro, je ne veux pas que mon pays connaisse la destruction de l’économie à laquelle aboutirait la fin de l’euro. J’avais fait évaluer lorsque j’étais à Bercy ce qu’il se passerait si nous perdions l’euro par des stratégies de sortie désordonnée ou même ordonnée, et nous en étions à moins 12 % du PIB de France, ça veut dire que le pays est ruiné. La stratégie de Mme Le Pen est destructrice. La mienne est constructive.

Qu’est-ce qui vous sépare de Jean-Luc Mélenchon ?

Je n’ai pas la radicalité qui est la sienne. Ce qui m’intéresse, ce sont des projets réalisables et réalistes. Que les réformes qu’on fait soient durables, qu’elles recueillent l’adhésion, qu’on construise des compromis. Je ne suis pas pour l’affrontement des uns contre les autres, je suis pour la réunification des Français. La radicalité l’en empêche. C’est le point de divergence avec Jean-Luc Mélenchon.