Découpler l’offre entre la vente d’appareils auditifs et le suivi du patient pendant les cinq années qui suivent. Cette recommandation formulée par l’Autorité de la concurrence mercredi 14 décembre à l’égard des audioprothésistes vise à rendre plus accessible l’accès à des équipements dont les niveaux de prix, 1 500 euros par oreille, sont une barrière pour beaucoup de malentendants.

Or sur les 1 500 euros, le coût de l’appareil compte seulement pour 200 à 500 euros. L’essentiel soit 1 000 à 1 300 euros correspondent à la prestation de l’audioprothésiste, c’est-à-dire la pose et le réglage de l’appareil puis les visites de contrôle chaque année pendant cinq à six ans. Cela ne représente au total que 6 à 9 heures sur la période.

Pour réduire le coût d’équipement, l’Autorité de la concurrence préconise une séparation entre la vente de l’appareillage et le suivi. Le patient aurait alors le choix du prestataire pour les rendez-vous suivants. Cela devrait réduire de 30 % le prix payé au départ, le ramenant de 1 500 à 1 150 euros. Cette séparation offrira plus de transparence et donc permettra plus de concurrence.

De plus, les remboursements sont peu élevés et le reste à charge important. L’assurance-maladie participe à hauteur de 120 euros par oreille et les assurances complémentaires pour 400 euros en moyenne. Le reste à charge est de 1 000 euros aujourd’hui. Avec la proposition de l’Autorité de la concurrence, il devrait être diminué de près de moitié, pour atteindre autour de 500 euros.

Permettre une vraie concurrence

Ce montant reste élevé d’autant que les Français sont moins bien remboursés que les Allemands (785 euros) les Belges (666 euros) et les Italiens (600 euros)

Ce reste à charge élevé conjugué au paiement dès le départ de la prestation totale constituent un frein à l’équipement. Ainsi sur les 6 millions de malentendants français, la moitié serait susceptible de s’équiper. Or ils sont moins de 2 millions à le faire.

Pour permettre une vraie concurrence et faire baisser les tarifs, l’autorité publique préconise également d’augmenter le numerus clausus de la profession. En juillet 2015, un arrêté ministériel avait limité à 199 le nombre d’élèves par an pouvant être admis à faire des études d’audioprothésistes. Trop peu par rapport aux besoins, ce qui avait conduit « l’UFC-Que Choisir » à réclamer un règlement durable et rapide de ce plafond.

L’Autorité de la concurrence va désormais remettre sa recommandation au gouvernement. C’est elle qui avait fait l’état des lieux du secteur des autocars en France, ce qui avait conduit à la loi Macron et à la libéralisation de ce marché désormais ouvert à la concurrence.