Marion Marechal-Le Pen, à Moscou, le 16 novembre. | NATALIA KOLESNIKOVA / AFP

« Pense clair et marche droit », le refrain de La Royale, le chant historique de l’Action française, devenu maxime scoute, fut rappelé par le chauffeur de salle. Il ne manquait d’ailleurs que Le Prince Eric, dans la salle pleine du palais des congrès de Versailles (1 800 places), où s’est massée mardi 13 décembre, au soir, une foule blanche, chrétienne et familiale, venue assister à la conférence de Philippe de Villiers qui poursuit sa tournée de présentation de son dernier best-seller Les cloches sonneront-elles encore demain ? (Albin Michel, 320 p., 22,50 €).

Mais, assise au premier rang, non loin de Véronique Besse, la seule élue villiériste de l’Assemblée nationale, une jeune femme pouvait jouer les rôles de princesse. Marion Maréchal-Le Pen était venue écouter le vicomte perché. La dernière fois que ces deux-là s’étaient rencontrés, c’était au Puy du Fou où Philippe avait surpris Marion, les larmes aux yeux, à la fin du spectacle, a-t-il raconté. En son for intérieur, il s’était dit : « Elle a du cœur, une âme, elle a le feu sacré. »

Si Paris vaut bien une messe, Versailles, à qui l’orateur a promis un avenir de « catholistan » si la France ne se réveille pas, mérite deux bises déposées à la fin du show sur les joues de la nièce de Marine Le Pen. Annoncé en début de meeting, Jean-Frédéric Poisson, député des Yvelines, s’est en revanche fait excuser, mais les différents courants de La Manif pour tous étaient présents, des Eveilleurs d’espérance, organisateurs de la soirée, à la Fondation Jérôme Lejeune, au SIEL (Souveraineté, identité et liberté) ou à l’association Liberté politique, toutes résolument hostiles à l’avortement.

« Nous sommes en guerre »

« Il ne faut pas lâcher sur le mariage homosexuel », a d’ailleurs rappelé l’orateur vendéen, sous un déluge d’applaudissements. Mardi soir, M. de Villiers a « voulu sonner le tocsin, mais pas le glas, car la France n’est pas morte », précise-t-il. Debout, légèrement voûté, il entend se dresser face à une « France sous hypnose » ou les élites sont « dhimmisées », en référence au statut des dhimmis, les non-musulmans qui ont conclu un pacte de soumission avec les musulmans.

La plus dhimmi de tous, c’est Nathalie Kosciusko-Morizet qui a adopté « la position du soumissionnaire », mais l’archer du Puy du Fou a aussi décoché ses flèches contre Alain Juppé qui a eu pour « formateur religieux » Tareq Oubrou, l’imam de Bordeaux, et surtout à François Fillon « qui a inauguré la mosquée d’Argenteuil » [en 2010, comme premier ministre], provoquant une salve de huées, dans la salle. « Il faut arrêter la construction de toutes les nouvelles mosquées, en France, car elles sont soit salafistes, soit infiltrées par les Frères musulmans », a-t-il martelé.

« Cela va vous choquer », précaution de pure forme, car personne ne l’était dans l’assistance, mais « nous sommes en guerre et il y a les collabos et les résistants », poursuit l’orateur, qui ajoute que les résistants d’hier sont devenus les collabos d’aujourd’hui et, qui plus est, qu’il leur arrive d’être « sympathiques, surtout quand ils passent le jambon ».