Mohammad Javad Zarif, le 11 novembre à Prague. | MICHAL CIZEK / AFP

Barack Obama n’a pas encore quitté la Maison Blanche que les relations entre Téhéran et Wahington ont déjà tourné à l’aigre. Le président élu Donald Trump avait en effet, tout au long de sa campagne, annoncé qu’il mettrait fin à l’accord historique sur le nucléaire iranien du 14 juillet 2015 à Vienne, principal legs de la diplomatie d’Obama. Cette promesse était d’ailleurs l’un des rares points de consensus avec les gardiens de la doxa du Parti républicain.

Depuis son élection, M. Trump a tempéré ses propos en précisant qu’il examinerait l’accord attentivement et déciderait des amendements à lui apporter. Mais d’ores et déjà, Téhéran se prépare à la confrontation. Le président iranien a saisi l’occasion du vote, le 1er décembre, du Congrès américain, prolongeant de dix ans les sanctions contre l’Iran, pour ordonner, mardi 13 décembre, à son chef de la diplomatie, Mohammad Javad Zarif, de saisir les instances prévues en cas de violation de l’accord. Ainsi, M. Rohani a demandé à M. Javad Zarif de lancer des « poursuites juridiques ». Car, écrit le président dans une lettre publiée par les médias iraniens, « le gouvernement américain a, jusqu’au présent, fait preuve de négligence dans l’application des termes de l’accord et tarde [à l’appliquer], il a aussi prolongé les sanctions contre l’Iran – une violation de l’accord, selon la République islamique d’Iran ».

Démarche floue

Si la démarche iranienne reste pour le moment assez floue, le président Rohani est nettement plus clair dans la missive adressée à Ali Akbar Salehi, chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique. Hassan Rohani lui demande de s’atteler, avec « la collaboration des centres scientifiques et des instituts de recherches », à « la conception et la construction des moteurs à propulsion nucléaire pour le transport maritime », et de faire le nécessaire pour « produire le combustible » utilisé dans ces engins. En clair, fabriquer des moteurs nucléaires pour la marine de guerre iranienne. M. Salehi devra fournir un rapport, d’ici maximum trois mois, sur le délai nécessaire à ces réalisations.

L’annonce est clairement destinée à tester la résolution du groupe des « 5+1 » (les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU plus l’Allemagne), qui ont signé l’accord de Vienne avec l’Iran. Téhéran a donc choisi de jouer le rapport de force avec la future administration américaine. L’annonce de mardi est aussi une manière pour Téhéran de forcer à ouvrir le débat sur les sanctions américaines, qui ne sont pas concernées par l’accord de Vienne, mais dont le maintien gêne considérablement les investissements et les transactions avec l’Iran.