François Fillon, à l’hôpital Marie-Lannelongue au Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine), le 14 décembre 2016. | THOMAS SAMSON / AFP

L’opération déminage n’en finit plus. Mercredi 14 décembre, François Fillon s’est rendu à l’hôpital Marie-Lannelongue au Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine). A l’issue de sa visite, le candidat à la présidentielle du parti Les Républicains a d’abord annoncé qu’il allait « demander à des experts indépendants de réaliser un audit des comptes sociaux ». Mais il a aussi ostensiblement reculé sur une des mesures les plus explosives de son projet de réforme du système de santé.

« Non, à aucun moment, je n’ai voulu ou je ne voudrais privatiser l’Assurance-maladie. Non, je ne veux pas distinguer entre gros et petit risque », a-t-il déclaré après avoir dénoncé les « caricatures » dont son projet serait l’objet.

L’idée de « focaliser l’assurance publique universelle sur les affections graves ou de longue durée, et l’assurance privée sur le reste » était pourtant inscrite noir sur blanc dans son programme. Elle a été retirée de son site Internet, mardi 13 décembre. Attaquée de toutes parts, elle a provoqué des remous dans son équipe et mis dans l’embarras ses proches, comme Jérôme Chartier, lundi, sur France Inter : « Ça dépend quel rhume », avait répondu le porte-parole de la campagne au sujet des remboursements. Cette visite sous l’objectif des caméras a été le point d’orgue de trois jours où M. Fillon a mis sous le tapis les aspects les plus durs de sa réforme de la protection sociale.

« Défis financiers à venir »

Mardi matin, dans une tribune publiée dans Le Figaro, il avait réaffirmé « le principe d’universalité » de l’Assurance-maladie qui doit rester « le pivot dans le parcours de soin » et annoncé sa volonté de créer une agence de régulation pour piloter l’Assurance-maladie. « Ce sujet nous poursuit depuis l’entre-deux-tours de la primaire. Aujourd’hui, nous sommes victimes des attaques d’une gauche en miettes et d’un Front national irresponsable. Mais tant mieux, c’est un sujet très important et le débat doit avoir lieu même si les Français méritent mieux que la caricature », commente la porte-parole de la campagne, Valérie Boyer. Alain Juppé avait lui-même demandé des explications à M. Fillon sur ce sujet lors du débat télévisé avant le second tour.

Depuis lundi, les fillonistes se sont donc lancés dans une opération de communication pour désamorcer la polémique. Le candidat a beau polir les angles les plus saillants, il n’a jamais annoncé qu’il renonçait à réformer pour faire des économies. « Je veux mieux articuler les rôles de l’Assurance-maladie et des complémentaires car nous savons les défis financiers à venir, dont celui de l’innovation et des médicaments de plus en plus coûteux », a-t-il déclaré lors de sa visite.

Une phrase qui laisse penser que le panier de soins remboursés par l’Assurance-maladie pourrait varier. Ses proches expliquent que les professionnels du secteur de la santé seront consultés dès début janvier 2017 pour déterminer ce que les assurances complémentaires et les mutuelles pourraient prendre à leur charge.

Fillon « au cœur de la lessiveuse »

Pas sûr donc que cette séquence suffise à calmer les opposants. « On voit qu’il est proche du milieu des assurances, incontestablement, or il y a des intérêts », a estimé, mercredi, Laurence Rossignol, ministre des familles, lors de l’émission « Questions d’info » sur LCP en partenariat avec Le Monde, l’AFP et France Info. D’autres politiques ont aussi dénoncé la proximité de M. Fillon avec Henri de Castries, ancien PDG d’Axa. Mercredi, Jean-Luc Mélenchon a décrit sur son blog M. Fillon comme « le candidat des assureurs contre la Sécurité sociale ».

A droite, c’est la durée de la polémique qui commence à en agacer certains. « François Fillon n’a pas l’habitude d’être au cœur de la lessiveuse et son entourage ne sait pas allumer des contre-feux comme nous le faisions avec Sarkozy », commente un proche de l’ancien président. Histoire de passer à autre chose, M. Fillon devait se rendre à Bruxelles, jeudi, puis au Mali en fin de semaine où il rencontrera les forces militaires. Deux déplacements loin de la politique française…