Dans l’église de Saint-Pierre-et-Saint-Paul, au Caire, le 11 décembre. | KHALED DESOUKI / AFP

« Tous les infidèles et tous les apostats en Egypte et ailleurs sont prévenus que notre guerre continue », a menacé l’organisation Etat islamique (EI). Dans un communiqué, diffusé mardi 13 décembre par son agence de propagande Amaq, le groupe djihadiste a revendiqué l’attentat perpétré, deux jours plus tôt, lors de la messe dominicale dans l’église de Saint-Pierre-et-Saint-Paul, au Caire, mitoyenne de la cathédrale Saint-Marc, siège du patriarcat de l’Eglise orthodoxe égyptienne. Vingt-cinq personnes ont été tuées et 49 blessées, dont une majorité de femmes et des enfants.

C’est la première attaque de cette ampleur que revendique l’EI dans la capitale égyptienne. Le groupe, qui a pris pied en novembre 2014 au sein de l’insurrection djihadiste active depuis 2011 dans le Sinaï, avait jusqu’à présent concentré la majorité de ses attaques dans cette péninsule désertique et contre les forces de sécurité. Il a toutefois fait la démonstration de ses capacités d’action avec l’attentat revendiqué contre l’avion de la compagnie russe Metrojet, le 31 octobre 2015, qui a fait 224 morts. L’attentat ­contre la cathédrale copte fait craindre une escalade dans la guerre confessionnelle chère à l’EI, après plusieurs attaques ciblées contre des chrétiens et des musulmans qu’il juge « apostats ».

Version officielle mise à mal

L’EI ne fait aucune mention du pouvoir égyptien dans sa revendication. C’est toutefois un nouveau coup porté au président Abdel Fattah Al-Sissi et à ses velléités de ramener sécurité et stabilité économique dans son pays. L’écho de cet attentat pourrait saper tout espoir d’une reprise du tourisme, alors que l’Egypte s’enfonce dans une grave crise économique. La menace d’une expansion de l’EI dans la capitale et le long de la vallée du Nil est un nouveau défi pour les forces de sécurité, qui se félicitaient d’avoir jugulé l’insurrection djihadiste au Sinaï, à défaut de réussir à la mater.

Le gouvernement égyptien s’est empressé de souligner la responsabilité des Frères musulmans, contre lesquels il est en guerre depuis que l’armée a destitué le président islamiste Mohamed Morsi, en juillet 2013. La confrérie a nié toute implication et condamné l’attaque. La revendication par l’EI – qui qualifie les Frères musulmans d’« apostats » car ayant accepté de jouer le jeu de la démocratie – met à mal la version officielle. Des doutes subsistent par ailleurs quant à l’identité du kamikaze, désigné par l’EI sous le nom de guerre d’Abou Abdallah Al-Masri.

Lundi, le ministère de l’intérieur avait attribué l’attaque à Mahmoud Chafik Mohamed Mostafa, alias Abou Dadjjana Al-Kanani. Arrêté en mars 2014 lors d’une manifestation pour port illégal d’armes et libéré sous caution deux mois plus tard, l’homme de 22 ans aurait, selon le ministère, rejoint une cellule dirigée par Mohab Mostafa Saïd Kassem, en lien avec l’EI dans la péninsule du Sinaï et des membres des Frères musulmans exilés au Qatar. Quatre membres de cette cellule présumée ayant pour objectif « de créer un conflit religieux à grande échelle » ont été arrêtés, a ajouté le ministère.