La hausse des tarifs d’Uber annoncée le 8 décembre a été qualifiée de « fumisterie » et d’« effet d’annonce » par des associations de chauffeurs. | © Charles Platiau / Reuters / REUTERS

Environ deux cents conducteurs de véhicules de transport avec chauffeur (VTC) se sont rassemblés jeudi 15 décembre porte Maillot à Paris pour réclamer une meilleure rémunération et dénoncer les pratiques des plates-formes de réservation.

A 7 h 30, près de 150 berlines noires étaient garées devant le palais des Congrès, les chauffeurs discutant dans le calme sous le regard de la police, mais la circulation était encore possible. « Uber = esclavage moderne », « Uber a saigné les chauffeurs » ou encore « non aux déconnexions arbitraires », pouvait-on lire sur les banderoles déployées.

Les chauffeurs ont répondu à l’appel de trois organisations – Union nationale des syndicats autonomes-VTC, Actif-VTC et Capa-VTC. Capa-VTC dit attendre un mouvement d’ampleur, et évoque le nombre de 3 000 chauffeurs, dont des « confrères lyonnais, lillois, nantais et strasbourgeois ». Le Syndicat des chauffeurs privés-VTC (SCP-VTC) prévoit entre 500 et 1 000 chauffeurs.

Ils devraient se rendre en milieu de journée au siège d’Uber, rue de Cambrai dans le 19e arrondissement. Plusieurs manifestations sont en cours aux abords des aéroports de Paris-Charles-de-Gaulle et de Paris-Orly.

Les chauffeurs sont venus dire stop « aux commissions excessives, à la déconnexion abusive des chauffeurs par la plate-forme, à l’humiliation », selon le SCP-VTC, qui dénonce également la politique tarifaire en œuvre dans la profession.

Déconnexions « arbitraires »

« Uber nous a vendu du rêve, la réalité est un cauchemar », affirme Jean-Luc Albert, d’Actif-VTC, qui demande des tarifs « concertés » et un « droit de réponse » pour les chauffeurs qui subissent des déconnexions « de manière arbitraire », parfois après un seul avis négatif de client.

La récente hausse des tarifs d’Uber à Paris, annoncée alors que la journée d’action de jeudi était en préparation, n’a pas calmé la colère des associations de chauffeurs, car le géant américain a relevé dans le même temps la commission prélevée sur chaque course.

Et cette annonce, soulignent-elles, n’efface pas la baisse unilatérale de 20 % du tarif, en octobre 2015, qui a donné lieu à une vague de protestation. Une fois les frais déduits, « il nous reste 3,75 euros de l’heure », affirme M. Albert.

Mercredi, un porte-parole d’Uber disait que « ce mouvement est sans rapport avec les récents changements tarifaires » de l’entreprise. Il affirmait que depuis cette évolution de la grille « les revenus des partenaires chauffeurs d’Uber ont d’ores et déjà augmenté d’environ 5 % ».

Ce porte-parole a assuré que deux des associations organisatrices « s’opposent de longue date à l’existence même des plates-formes VTC » et « ne représentent qu’une minorité des chauffeurs ». Selon lui, certains des leaders du mouvement « sont par ailleurs connus des services de police pour des appels et faits de violence ».

Plusieurs associations se désolidarisent

L’association VTC de France s’est dissociée de cette action à la dernière minute. Elle anticipait « de la casse », et a affirmé « privilégier la diplomatie » et non pas « l’offensive » tant que les débats sur la loi Grandguillaume, censée apaiser les relations entre chauffeurs de taxi et conducteurs de VTC, ne sont pas clos et le texte définitivement voté.

La fédération Transports de la Confédération française démocratique du travail (CFDT-Transports) a appelé les chauffeurs à « se déconnecter massivement » de la plate-forme jeudi, sans appeler à manifester. Le syndicat a rencontré lundi la direction d’Uber. A l’issue de cette réunion – une première –, Uber et la CFDT ont décidé d’ouvrir en 2017 des discussions visant à améliorer la rentabilité et la protection sociale des chauffeurs.