Proposer la suppression de l’alinéa 3 de l’article 49 de la Constitution quand on y a soi-même eu recours au gouvernement, forcément, cela fait réagir. Invité sur France Inter jeudi 15 décembre, Manuel Valls, qui est candidat à la primaire de la gauche, a affirmé qu’il entendait « supprimer purement et simplement » cette procédure qui permet au premier ministre de faire adopter un texte de loi sans vote, en engageant sa responsabilité devant l’Assemblée nationale. M. Valls propose que cette procédure, qu’il a activée six fois quand il était à Matignon dans le cadre de la loi Macron et de la loi travail, disparaisse « hors texte budgétaire », car il la juge « dépassée » et « brutale ».

Une déclaration qui n’est pas passée inaperçue chez les opposants à M. Valls. « C’est l’hôpital qui se fout de la charité », a réagi dans la matinée Hervé Mariton, député (Les Républicains, LR) de la Drôme.

« De qui se moque-t-on ? », a renchéri Eric Ciotti, député (LR) des Alpes-Maritimes.

« Bientôt annoncera-t-il l’abrogation de la loi travail ? »

Son annonce a également indigné au sein de la majorité socialiste, en particulier parmi les frondeurs, soutiens pour la plupart d’Arnaud Montebourg à la primaire de la gauche. « C’est à désespérer définitivement de la parole publique », s’est indigné Christian Paul, député (Parti socialiste, PS) de la Nièvre, qui était l’un des leaders des frondeurs à l’Assemblée nationale, dont l’opposition, avec d’autres, à la loi Macron et à la loi travail a entraîné le recours à l’alinéa 3 de l’article 49.

« Après avoir gouverné à coups de 49.3, Manuel Valls propose de le supprimer… Bientôt annoncera-t-il l’abrogation de la loi travail ? », ironise Philippe Baumel, député (PS) de Saône-et-Loire.

Parmi les représentants de la gauche du PS, seule Marie-Noëlle Lienemann, sénatrice de Paris, a jugé « très bonne » la proposition de M. Valls jeudi matin sur LCP. « Je ne vais pas pleurer sur le fait que les gens tirent des leçons de nos échecs », a dit celle qui a renoncé à se présenter à la primaire de la gauche au nom du rassemblement des candidats.