Des réfugiés d’Alep arrivent à Al-Rashideen, ville tenue par les insurgés, jeudi 15 décembre. | © AMMAR ABDULLAH / REUTERS

En marge d’une visite à Tokyo, vendredi 16 décembre, le président russe, Vladimir Poutine, a déclaré que « la prochaine étape » pour la Syrie serait « un cessez-le-feu sur l’ensemble du territoire », alors que se poursuit l’évacuation de milliers de civils et de rebelles de la ville d’Alep.

« Nous menons des négociations intenses avec les représentants de l’opposition armée, notamment grâce à la médiation de la Turquie. Nous nous sommes mis d’accord lors d’un entretien téléphonique avec M. Erdogan [le président turc, Recep Tayyip Erdogan] pour proposer aux différentes parties du conflit un nouveau terrain pour des pourparlers de paix. Cela pourrait être la capitale du Kazakhstan, Astana. »

Astana a déjà abrité des rencontres entre des représentants du régime de Damas et des personnalités de l’opposition tolérée par le régime.

Ces déclarations sont faites alors que le Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir plus tard dans la journée pour tenter d’obtenir le déploiement à Alep d’observateurs internationaux chargés de surveiller les opérations d’évacuation de civils et rebelles.

Millier de civils évacués

L’évacuation des civils et des rebelles de la ville d’Alep vers des territoires contrôlés par les insurgés en Syrie s’est poursuivie dans la nuit et continuait vendredi matin, rapporte le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

« L’évacuation (…) continuera aussi longtemps qu’il le faudra pour que les gens qui le souhaitent puissent partir », a déclaré une porte-parole du CICR, Ingy Sedky.

Des ambulances et des autobus ont fait la navette toute la nuit entre la dernière poche tenue par les rebelles de la ville d’Alep vers des secteurs contrôlés par les insurgés dans l’ouest de la province du même nom. Les véhicules ont d’abord fait route en un seul convoi mais, au fur et à mesure de la nuit, chaque véhicule est retourné à Alep pour de nouvelles évacuations dès qu’il avait déposé ses passagers, sans attendre les autres.

« Cela veut dire qu’il est difficile pour nous de savoir exactement combien de personnes ont quitté Alep jusqu’à présent, mais il y aura une évaluation à la fin de l’opération », a assuré Mme Sedky.

Certains résidents sont partis dans leur propre véhicule, a expliqué Ahmad Al-Dbis, chef d’une unité de médecins et de volontaires qui coordonnent l’évacuation des blessés. Selon lui, environ 6 000 personnes sont déjà arrivées d’Alep, dont au moins 250 blessés. Certains ont eu besoin d’une prise en charge médicale d’urgence et ont été transférés en Turquie.

Plus de 6 000 personnes sorties d’Alep

Le chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu, avait affirmé sur son compte Twitter que 7 000 civils avaient été évacués depuis jeudi en cinq convois successifs. A Moscou, le ministère de la défense évoque pour sa part de 6 400 personnes évacuées au cours des dernières vingt-quatre heures, dont 3 000 rebelles, selon des chiffres cités par l’agence de presse russe RIA.

L’accord de cessez-le-feu et d’évacuation de l’est d’Alep a été conclu par la Russie et la Turquie, marraines respectives du régime de Bachar Al-Assad et de certains groupes rebelles présents dans la grande ville du nord de la Syrie.

La reprise d’Alep, permise par le soutien militaire massif de la Russie et de l’Iran, constitue la plus grande victoire du président syrien contre les insurgés, qui tentent depuis six ans de le renverser.