Benoît Hamon en meeting à Paris, le 14 décembre, à Paris. | JEAN CLAUDE COUTAUSSE / FRENCH-POLITICS POUR "LE MONDE"

Comment mettre en œuvre la transition écologique ? C’est la question que la Fondation Maison des sciences de l’homme et l’Institut Veblen avaient choisi de poser à plusieurs candidats à la présidentielle, jeudi 15 décembre au Pavillon de l’Arsenal. Benoît Hamon, candidat à la primaire du Parti socialiste, a été le premier à se lancer. Depuis son entrée en campagne, l’ancien ministre de l’éducation nationale a mis l’accent sur ce sujet. « Je ne crois plus dans un modèle de développement qui se fonde exclusivement sur un seul objectif : cap sur la croissance, a-t-il assuré. Ça ne marche pas ! »

Développement des renouvelables, lutte contre les perturbateurs endocriniens, revenu universel : le candidat a déroulé son programme en souhaitant « changer de paradigme ». Sur le nucléaire, il a plaidé pour une « transition progressive », appelant à « préparer une sortie qui s’assure que si la part du nucléaire diminue, on ne lui substitue pas des énergies fossiles ». Le tout financé par une fiscalité écologique, notamment une taxe carbone « progressive ».

Vincent Peillon, qui s’est invité à la dernière minute dans la primaire des 22 et 29 janvier, lui a succédé à la tribune. S’il a aussi évoqué une taxe carbone et une fiscalité écologique, le député européen, visiblement mal à l’aise, s’est surtout employé à défendre le bilan de François Hollande en matière d’écologie. Le philosophe a mis en avant la COP21, la loi sur la transition énergétique ou celle sur la biodiversité. « Si même ce que nous faisons dans ce combat très important est passé sous silence, alors ceux qui veulent enlever le principe de précaution, M. Fillon, ceux qui ne veulent pas financer les énergies renouvelables, vont se dire : Merveilleux, la gauche elle-même, les écologistes, les démocrates font notre propre campagne ! », s’est-il exclamé avant de quitter les lieux.

« Drogue du carbone »

Quant à Arnaud Montebourg, il se savait en terrain miné. Lui aussi candidat à cette primaire organisée par le PS, ce dernier a évoqué la « drogue du carbone qui est l’addiction de nos économies » et en a fait « le point central pour imaginer la transition ». Partisan du nucléaire, il a reconnu qu’« on est obligé de choisir notre ennemi prioritaire ». « Si c’est le carbone, il faut commencer par cela », a-t-il souligné, estimant que la lutte contre celui-ci passe par son prix. Appelant à une « relance keynésienne de nature écologique », il a également été interpellé sur la question des gaz de schiste, lui qui avait régulièrement relancé le débat sur cette énergie lorsqu’il était ministre du redressement productif. « Les gaz de schiste provoquent des pollutions irrémédiables et j’ai demandé à la recherche scientifique comment surmonter ce problème », indique-t-il désormais.

« Planification écologique »

Un temps annoncé, Emmanuel Macron avait finalement annulé : il devait s’envoler vendredi pour les Antilles. François Fillon, pour sa part, était représenté par Serge Grouard, député Les Républicains du Loiret. Souhaitant passer d’une « logique de prédation à une logique de protection », ce proche du candidat de la droite s’est posé en défenseur du nucléaire. L’élu a également été prié de s’expliquer sur le principe de précaution que M. Fillon entend supprimer de la Constitution. Ce dernier a répondu qu’« il y a un principe de responsabilité qui nous paraît au moins aussi important ».

Certains jouaient plus à domicile. C’était le cas de Martine Billard, ex-députée de Paris du Parti de gauche, qui s’exprimait au nom de Jean-Luc Mélenchon, lui aussi en route pour les Antilles. Le candidat du mouvement La France insoumise a mis l’écologie au cœur de son programme : inscription de la règle verte dans la Constitution – ne pas prendre plus à la nature que ce qu’elle peut donner –, « planification écologique », sortie des énergies carbonées et du nucléaire – selon le scénario Negawatt – pour aller vers 100 % de renouvelables en 2050. Le tout financé par les 41 milliards d’euros du pacte de compétitivité et une réforme de la fiscalité.

Moins précis dans ses propositions, Yannick Jadot a appelé à un « changement complet de modèle de société » et à « sortir de nos vieilles énergies nationales ». Interrogé sur le coût de la sortie du nucléaire, le candidat EELV a retourné la question : « Pourquoi ça coûterait beaucoup d’argent de sortir du nucléaire ? Ce qui coûte beaucoup d’argent, c’est d’y rester ! Ça n’existe pas, la prolongation du nucléaire sans coût. » Favorable à un « plan d’investissement européen de 600 milliards d’euros », il a cependant reconnu une « faiblesse » des écolos sur un « enjeu d’anticipation majeur » : celui de « la formation et de la reconversion » des employés travaillant dans le nucléaire.