Le président de la Fédération française de tennis, Jean Gachassin dans son bureau en 2015. | MIGUEL MEDINA / AFP

Les dirigeants de la Fédération française de tennis (FFT), dont deux des trois candidats à la présidence, ont conclu un « pacte de silence » pour taire des soupçons de malversations et de trafic d’influence au sein de l’instance, selon un nouveau rapport de l’inspection générale de la jeunesse et des sports (IGJS), révélé jeudi 15 décembre par Mediapart.

Cette affaire, découverte par l’IGJS en 2015 et confiée au parquet de Paris, porte sur des faits présumés de trafic de billets de Roland-Garros avant 2011 qui visent l’actuel président Jean Gachassin et d’anciens joueurs de l’équipe de France de Coupe Davis. M. Gachassin est, en outre, soupçonné de trafic d’influence.

Les inspecteurs estiment que Bernard Giudicelli et Jean-Pierre Dartevelle, respectivement secrétaire général et vice-président de la FFT, tous deux candidats à la succession de M. Gachassin en février, ont, entre autres, procédé en interne à une forme d’amnistie de ces faits présumés.

« Il apparaît que, assez rapidement, les problèmes liés au comportement de M. Gachassin ont entraîné une relative mise à l’écart de celui-ci pour la gestion des dossiers majeurs de la FFT », explique ce rapport d’étape bouclé le 12 avril.

« Cet aménagement s’accompagnait d’un pacte de silence dont la motivation première (…) était, après les difficultés connues sous la précédente présidente, de protéger les intérêts supérieurs de la Fédération, en évitant tout scandale de nature à nuire au bon aboutissement du projet d’extension du stade de Roland-Garros. »

Conditions du marché d’extension de Roland-Garros

Contactés par Mediapart, MM. Giudicelli et Dartevelle ne se sont pas exprimés sur le sujet. Ils ont, en revanche, contesté de nouveau des informations du Canard enchaîné, datant de juin, selon lesquelles ils auraient eux-mêmes participé, dans le passé, à des reventes de tickets. Cette affaire fait l’objet depuis le 19 mars d’une enquête du parquet national financier (PNF) qui a procédé à des perquisitions début mai au siège de la FFT et au domicile de M. Gachassin.

Outre l’existence présumée « d’un système de revente occulte de billets à l’occasion des Internationaux de France », le PNF s’intéresse aux « conditions du marché de la rénovation et de l’agrandissement du stade Roland-Garros ». M. Gachassin est suspecté d’avoir cédé des billets à prix coûtant à un ami, agent de voyage dans son Sud-Ouest natal, qui les aurait revendus au moins cinq fois plus cher.

Le président de la FFT – depuis 2009 –, qui ne brigue pas de troisième mandat, est également accusé d’avoir organisé une rencontre avec un collaborateur de Vinci, l’un des trois groupes en lice pour réaliser l’extension de l’enceinte sportive, en plein appel d’offres. Le groupe a finalement été désigné.

Dans Mediapart, l’intéressé a de nouveau contesté « l’existence du moindre trafic de billets » ainsi qu’un « quelconque contact avec des entrepreneurs qui aurait contrevenu aux règles ». Dans un communiqué, la FFT s’est par ailleurs interrogée sur le « calendrier pour le moins surprenant de cette publication et de la diffusion d’un rapport de l’IGJS datant de plus de huit mois, alors que la campagne pour la présidence de la Fédération bat son plein ».