L’élection de Donald Trump a dopé Wall Street. | MARK WALLHEISER / AFP

Comparé par Pimco, le poids lourd américain de l’obligataire, à un docteur Folamour imprévisible, Donald Trump constitue un facteur d’incertitude majeur pour les marchés financiers. Ils ont, on le sait, horreur de l’inconnu. Les indices d’actions ont d’ailleurs plongé à l’annonce du résultat du scrutin. Mais le rebond a été spectaculaire, au point que le Dow Jones, qui enchaîne les records, affiche un gain d’environ 9 % depuis le 8 novembre. Une dynamique que même le vote négatif au référendum sur la réforme constitutionnelle en Italie n’a pas enrayée.

Selon le trader américain Stan Weinstein, la Bourse américaine poursuit depuis 1930 un cycle : elle monte les deux premières années suivant une élection présidentielle car le nouveau président est censé doper la croissance en mettant en œuvre ses réformes. Mais ce n’est pas une règle d’airain. Autre constat, Wall Street se comporte mieux sous les présidences démocrates que républicaines : depuis les années 1930, le S&P 500 gagne en effet en moyenne 10 % par an quand les démocrates sont au pouvoir, et seulement 1,8 % quand ce sont les républicains. Cela dit, sous le premier mandat de Ronald Regan (1980-1984), le S&P a gagné 6,9 % par an et sous le second (1984-1988), 12,6 %. Mais il a bondi de 19 % par an sous le second mandat de Bill Clinton (1996-2000).

Sur la durée, comment les Bourses vont-elles digérer cette nouvelle donne ? Jusqu’à présent, les intervenants sur les marchés actions se sont focalisés sur les aspects du programme de Donald Trump favorables à la croissance et aux marges des entreprises, grâce à des baisses d’impôts, de grands travaux et une déréglementation du secteur financier. « Sa politique devrait bénéficier aux entreprises implantées sur le territoire américain, mais le protectionnisme pourrait pénaliser les multinationales américaines à l’étranger », expose Frédéric Rollin, conseiller en stratégie chez Pictet.

Si l’on excepte les expulsions annoncées de clandestins et le projet de construction d’un mur avec le Mexique, le nouveau président propose un programme républicain classique, avec une relance des dépenses d’infrastructure et un virage protectionniste. « D’importantes baisses d’impôts aux ménages et aux entreprises pourraient être annoncées très vite, ce qui doperait la croissance américaine dès 2017. La hausse des dépenses d’infrastructure viendra ensuite », prévoient les experts de Natixis.

Croissance et inflation

Philippe Weber, coresponsable des études de CPR, envisage trois scénarios : une application à la lettre du programme de Trump ; un programme allégé sur lequel Congrès et présidence se mettraient d’accord ; un programme édulcoré, dans l’hypothèse où le Congrès reprendrait la main. En 2017, le PIB pourrait bondir de 3,7 % dans le premier scénario, de 2,4 % dans le deuxième et de 2,8 % dans le dernier. Les deux derniers sont les plus probables, mais les marges d’erreur sont considérables.

Principales certitudes, les actifs réels (matières premières, immobilier, infrastructures…) seront soutenus par la relance et le creusement des déficits budgétaires, qui va attiser l’inflation. Ce qui devrait favoriser l’immobilier américain, réputé être une couverture contre la hausse des prix. « Avant l’élection, les investisseurs se sont concentrés sur la recherche de rendement. Ils vont désormais chercher à se protéger contre l’inflation », annonce Peter Epstein, stratège de Highbridge, une filiale de JP Morgan.

Le dollar en hausse

Et en Europe ? Si la hausse de Wall Street stimule les marchés européens, le risque politique s’accroît. Le Brexit, l’élection de M. Trump, la démission de Matteo Renzi et la montée du populisme poussent les investisseurs à exiger une prime de risque élevée sur les actions, que Dorval évalue à 10 %.

Pour l’instant, le billet vert est le grand gagnant de cette élection, soutenu par les perspectives d’une accélération de la croissance et, surtout, d’une normalisation rapide de la politique monétaire outre-Atlantique. Depuis le 8 novembre, il a gagné plus de 5 centimes, à 1,04 pour un euro. Les pays émergents risquent d’en faire les frais, car la hausse annoncée des taux américains va inciter les investisseurs à rapatrier des capitaux aux Etats-Unis.

Les particuliers qui souhaitent parier sur la poursuite de la hausse de Wall Street ont l’embarras du choix. Morningstar recense 356 fonds investis en actions américaines, auxquels il faut ajouter 96 fonds indiciels cotés (ETF), qui répliquent des indices américains. Sur trois ans, les produits les plus performants sont Aberdeen Global - North American Smaller Companies (+ 25,4 % par an), Vanguard US Opportunities (+ 24 %), Schroder ISF US Small & Mid Cap (+ 23,5 %) et Fidelity American Special Situations (+ 22,9 %).