Avec 167 sièges sur 254 - un dernier siège reste à attribuer -, les résultats des élections législatives du 18 décembre assurent une majorité nette au président Alassane Ouattara, après l’adoption, en octobre, d’une nouvelle Constitution qui conforte son pouvoir.

Mais à l’issue d’une journée marquée par l’abstention (34 % de participation seulement), la coalition au pouvoir en Côte d’Ivoire cède tout de même du terrain face aux indépendants. De son côté, l’opposition formée par le Front Populaire Ivoirien, parti de l’ex-président Laurent Gbagbo ne remporte qu’un nombre symbolique de circonscriptions.

75 indépendants, soit presque 30 % des sièges, font ainsi leur entrée à l’Assemblée Nationale ivoirienne, sans que l’on sache pour l’instant comment ils vont s’organiser. Leur percée qui se fait au détriment de la coalition sortante du Rassemblement des Houphouétistes pour le Développement et la Paix (RHDP), qui s’accapare la quasi-totalité des sièges restants, avec 167 députés.

Effritement de la coalition au pouvoir

Anciens membres de la majorité dont les investitures n’ont pas été renouvelées ou personnalités de la société civile, les indépendants doublent leur présence par rapport à 2011, où ils étaient 35 à siéger. Le recul du camp présidentiel souligne l’effritement de la coalition au pouvoir : battus, certains ministres en exercice voient leur poste au gouvernement menacé.

C’est le cas de la ministre de la communication, Affoussiata Bamba-Lamine, largement distancée à Cocody, commune huppée d’Abidjan, par la dissidente Yasmina Ouégnin, en rupture avec le RHDP depuis l’adoption de la nouvelle constitution. Autre coup de tonnerre, le ministre de l’environnement Rémi Allah Kouadio s’est incliné contre un indépendant, près de Yamoussoukro.

Le camp présidentiel a été plus à son avantage dans ses fiefs traditionnels, dans le nord d’Abidjan et dans le nord du pays, où plusieurs ministres et cadres du RHDP ont été confortablement élus ou réélus. Plus inattendu, la majorité remporte aussi les six sièges de la commune populaire de Yopougon, réputée favorable à l’ex-président Laurent Gbagbo.

La nouvelle majorité parlementaire n’est pas si confortable au regard de la fragilité de l’alliance entre ses deux principales composantes, le Rassemblement des Républicains (RDR, parti du président Ouattara) et le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, fondé par Félix Houphouët-Boigny). Le débat sur la nouvelle constitution et le projet de fusion des deux formations, régulièrement évoqué, attisent fréquemment les tensions.

Du côté de l’opposition, le Front Populaire Ivoirien (FPI) est loin de l’ambitieux objectif d’une « trentaine de sièges » annoncé par son leader, l’ex-premier ministre Pascal Affi N’Guessan. Même si ce dernier a gagné dans sa circonscription, le FPI ne comptera que trois sièges à l’Assemblée.

Le « parti à la rose » fondé par l’ex-président Laurent Gbagbo est miné par des appels au boycott d’une importante frange de ses ultras, et réduit à des scores symboliques dans la plupart des départements.