Le gouvernement béninois a désormais une feuille de route pour conduire sa politique économique. Le Programme d’actions du gouvernement (PAG) dénommé le « Bénin révélé’» a été officiellement lancé vendredi 16 décembre par Patrice Talon, le chef de l’Etat devant un parterre de personnalités politiques et de diplomates.

L’annonce du programme intervient au lendemain du vote du budget 2017 à l’unanimité des députés. Les dépenses prévues de 2011 milliards de francs cfa (environ 3 milliards d’euros) sont en hausse de plus de 40 % par rapport à 2016.

D’une durée de cinq ans, ce programme table sur 9 000 milliards de francs CFA (environ 13,7 milliards d’euros) d’investissements dans les principaux secteurs de l’économie et la création de plus de 500 000 emplois. « Nous devons révéler au monde entier mais aussi à nous-mêmes l’incroyable potentiel de notre pays », a affirmé Patrice Talon. Au cours des cinq dernières années, malgré un taux de croissance de 5,2% par an, supérieur à celui de la plupart de ses voisins, le Bénin a vu le niveau de pauvreté augmenté. Fin 2015, il atteignait 40%, selon la Banque mondiale qui impute cette dégradation au manque de création d’emplois.

Hub touristique africain

Le nouveau programme de développement s’articule autour de 300 projets dont 45 projets phares dans les secteurs stratégiques de l’agriculture, de l’énergie, mais aussi du tourisme et de l’économie numérique, nouvelles priorités du gouvernement béninois. Le Bénin détient l’un des plus riches patrimoines du tourisme mémoriel de l’Afrique de l’ouest liés à l’esclavage. La ville de Ouidah située sur le littoral à 40 km de Cotonou a été un grand port négrier au XIXe siècle. Mais mal conservés, ses sites touristiques - dont le plus connu, la route des esclaves- souffrent de délabrement.

« Le Bénin ne tire que 0,7 % de son PIB du secteur du tourisme. Le gouvernement envisage de redessiner de nouveaux circuits touristiques et de moderniser les installations existantes  » et de faire du Bénin un « puissant hub touristique africain », d’ici 2019, a indiqué José Pliya, directeur général de l’agence nationale de promotion du tourisme. La ville de Ouidah devrait abriter une grande cité balnéaire d’ici 2021. La Banque mondiale a accordé un prêt de 50 millions de dollars au Bénin pour développer son secteur du tourisme.

Patrice Talon mise également sur l’économie numérique, un secteur de plus en plus dynamique à Cotonou, avec l’installation d’incubateurs de start-up numériques comme Jokkolabs. Pour accompagner ce secteur, le gouvernement prévoit d’améliorer le taux de couverture internet dans le pays à 80 % grâce au déploiement massif de la fibre optique. « Nous allons transformer le Bénin en une plateforme de services numériques d’ici 2021 », a assuré Mme Rafiatou Monrou, la ministre du secteur qui prévoit la création de 90 000 emplois.

Dans le secteur de l’énergie, il a été annoncé la mise en place d’une capacité électrique de 95 MW de photovoltaïque d’ici les trois prochaines années, la modernisation et l’extension du réseau de distribution de l’énergie électrique de façon à permettre à chaque Béninois de bénéficier de l’énergie électrique à l’horizon 2021. L’ancien premier ministre Lionel Zinsou, candidat malheureux à la présidentielle face à M.Talon, avait déjà fait une promesse semblable en lançant son programme « Lumière pour tous ». Le Bénin qui dépend de ses voisins pour son approvisionnement en électricité, est touché par de récurrentes crises énergétiques.

L’ambitieux programme d’investissements sera financé à 60 % par le secteur privé par le biais de partenariats public-privé dont le cadre juridique vient d’être encadré par une loi votée en octobre 2016.