Depuis un an, le groupe armé « Retour, Réclamation et Réhabilitation » a tué au moins 50 civils et provoqué la fuite de 17 000 habitants dans le cadre de ses opérations pour contrôler certaines parties du nord-ouest du pays, écrit l’ONG des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) dans un rapport rendu public le 20 décembre, qui compile enquête et témoignages.

République centrafricaine : Abus commis par le groupe « 3R »
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La milice, surnommée 3R, est née fin 2015 avec le but affiché de protéger la communauté peule, composée en grande partie d’éleveurs musulmans, des attaques des milices chrétienne anti-balaka. « Les forces de maintien de la paix des Nations Unies dans la région n’ont pas été en mesure de protéger pleinement les civils », regrette HRW. La mission multidimensionnelle intégrée de stabilisation en Centrafrique (MINUSCA) compte 12 870 soldats.

L’émergence de 3R, qui compte plusieurs centaines de combattants bien armés contrôlant des territoires proches de la frontière camerounaise, illustre les problèmes auxquels est confronté le président Faustin-Archange Touadera, arrivé au pouvoir en mars avec l’espoir de favoriser la réconciliation, d’étendre l’autorité du gouvernement sur le pays et de convaincre les milices de poser les armes.

Rebelles contre milices

« Le groupe armé 3R, qui se présentait au départ comme garant de la protection des Peuls, a utilisé sa puissance accrue pour multiplier le nombre d’attaques et d’exactions », déclare Lewis Mudge, chercheur auprès de la division Afrique de HRW.

En septembre, 3R a attaqué la ville De Gaulle, chef-lieu de la sous-préfecture de Koui. Les autorités de cette localité de 20 000 habitants en ont été chassées, et ce malgré la présence de soldats de maintien de la paix des Nations unies, écrit HRW. Le groupe a aussi incendié des villages et violé des femmes et des jeunes filles, semble-t-il pour punir certaines communautés d’avoir soutenu les anti-balaka, ajoute Lewis Mudge.

La Centrafrique est en crise depuis la fin de 2012, quand les rebelles Seleka ont pris les armes contre le président François Bozizé. Après leur prise de la capitale Bangui, ces rebelles en majorité musulmans ont multiplié les exactions. Ce qui a déclenché l’émergence de la milice anti-balaka, essentiellement composée de chrétiens et d’animistes, qui ont à leur tour ciblé les communautés musulmanes, accusées de soutenir la Seleka.