Les navires militaires japonais Hyuga et Kurama dans la baie de Sagami, le 14 octobre 2012. | KAZUHIRO NOGI / AFP

Le gouvernement japonais a validé, jeudi 22 décembre, un budget annuel record, observe le quotidien anglophone Japan Times, avec un accent mis sur la promotion de la natalité dans un archipel en déclin démographique (les naissances sont passées en 2016 sous la barre du million) et sur la défense face à la menace nord-coréenne.

Les dépenses de défense (5 125 milliards de yens, 41,8 milliards d’euros) s’affichent en hausse pour la cinquième année d’affilée (+ 1,4 %). Le budget est ainsi très supérieur au budget de la défense français, 32,7 milliards d’euros (hors pensions des militaires) en 2017. Il faut ajouter à ce budget des forces d’autodéfense (nom de l’armée japonaise), « 210 milliards de yens (1,7 milliard d’euros) réservés à la garde côtière japonaise, dépassant le montant demandé par l’organisation, car les préoccupations demeurent sur la présence de la Chine dans les eaux autour du Japon », souligne le quotidien Asahi Shimbun. Le budget militaire dépasse ainsi le seuil de 1 % du PIB japonais, limite quasi constitutionnelle pour les dépenses militaires, dans un Japon attaché au pacifisme.

Des capacités de surveillance accrues

Cette cinquième hausse du budget japonais après dix années de déclin avant son arrivée au pouvoir montre que le premier ministre nationaliste, Shinzo Abe, est déterminé à renforcer les prérogatives des forces armées nippones. Le Japon craint les agissements de son voisin nord-coréen qui a effectué deux essais nucléaires et plus de 20 lancements de missiles cette année. Le ministère de la défense veut notamment se doter d’un nouveau système antimissile, développé avec les Etats-Unis. Tokyo défend aussi les îlots inhabités de Senkaku, en mer de Chine orientale, considérés comme partie intégrante de son territoire mais revendiqués par Pékin sous le nom de Diaoyu.

Aussi, les priorités affichées dans le projet de budget 2017 reflètent les préoccupations majeures de l’archipel. Face aux menaces maritimes chinoises, les capacités de surveillance japonaises sont accrues : renforcement et modernisation des avions et hélicoptères de patrouille maritime P-3C et SH-60K, attribution de 17,3 milliards de yens (141 millions d’euros) notamment pour l’assemblage d’un drone de surveillance américain Global Hawk qui vole à très haute altitude, construction d’un nouveau sous-marin de 3 000 tonnes pour 76 milliards de yens (620 millions d’euros)…

Très probable réaction de la Chine

Pour défendre les îles lointaines de l’archipel exposées à la menace chinoise est notamment prévue l’acquisition de six chasseurs furtifs F-35A d’origine américaine, ainsi que le déploiement de nouvelles capacités de surveillance et des batteries de missiles sol-air, mer-air et sol-mer antinavires. Les capacités de déploiement et transport de forces (hélicoptères CH-47, appareils de transport hybrides V-22 Osprey, véhicules de combat mobiles type-16, développement de brigades amphibies de déploiement rapide…) sont également accrues pour pouvoir dépêcher rapidement des troupes sur les îles éloignées.

Enfin, face aux menaces de missiles balistiques nord-coréens, la défense antimissile est renforcée (modernisation des destroyers antimissiles Aegis, coopération poursuivie avec les Etats-Unis sur le missile intercepteur SM-3 Block IIA…).

Le Japon cherche ainsi à assurer sa sécurité, mais cette croissance des dépenses ne manquera pas de faire réagir la Chine qui pointe régulièrement le militarisme nippon renaissant alors qu’elle-même dépense allègrement trois fois plus pour sa propre défense.