Alors qu’elle est en plein bras de fer avec ses chauffeurs en France, la plate-forme de VTC a annoncé dans un entretien publié le 22 décembre qu’elle était « prête » à rogner ses marges ou augmenter les tarifs auprès des consommateurs. Mais à une condition, prévient Uber, par la voix de son directeur général pour l’Europe de l’Ouest, Thibaud Simphal :

« Nous sommes prêts à rogner nos marges et ou (sic) à augmenter nos tarifs auprès des consommateurs, à condition que tout le secteur suive. Pour l’heure, nous sommes les seuls à proposer cette démarche. »

Uber concentre depuis une semaine la colère des chauffeurs, dont ils jugent les tarifs « indignes ». Vendredi, ils ont notamment mené une opération escargot de Roissy à Paris et une cinquantaine de chauffeurs se sont mobilisés à Lyon.

Les chauffeurs « sont libres de travailler avec nous, nos concurrents et de partir quand ils le souhaitent », rappelle M. Simphal, selon qui « de nombreuses études (…) montrent que les chauffeurs gagnent leur vie ». La précarisation de l’activité de chauffeurs « ne vient pas de [leurs] tarifs, ni du nombre de chauffeurs », affirme-t-il encore, en soulignant :

« Selon le rapport Thévenoud, il y a de la place pour 68 000 chauffeurs de VTC en France, contre 22 000 aujourd’hui, dont 15 000 qui travaillent avec Uber. »

Vers une protection sociale des chauffeurs

Le patron d’Uber en Europe de l’Ouest explique encore que le groupe travaille « depuis deux ans » sur une protection sociale pour les chauffeurs :

« Nous sommes ouverts aux discussions pourvu qu’elles concernent l’ensemble du secteur. Et que nous obtenions la certitude que les contrats de partenariat qui nous lient aux chauffeurs ne seront pas requalifiés en contrats de travail. »

Le groupe veut par ailleurs augmenter le nombre de courses réalisées par les chauffeurs :

« Notre objectif est d’atteindre un temps en course par véhicule de vingt à trente minutes par heure, contre dix à quinze minutes en moyenne pour les taxis. Les cadences sont donc en effet plus élevées. Mais cela signifie aussi que les chauffeurs ne sont pas en course pendant trente minutes par heure, durant lesquelles ils sont libres de leur temps. »

Après l’échec mardi des discussions avec Uber, le gouvernement a nommé un médiateur, pour mener une négociation sur la tarification, les charges, la protection sociale et les conditions de déconnexion des plates-formes. Refusant de céder sur ses tarifs, Uber a annoncé mardi la création d’un fonds d’aide de 2 millions d’euros, s’attirant les foudres des syndicats.