Vladimir Poutine sur un écran de vidéo lors de sa conférence de presse annuelle à Moscou vendredi 23 décembre. | NATALIA KOLESNIKOVA / AFP

A distance, entre Moscou et Washington, Vladimir Poutine et Donald Trump peinent à s’accorder sur leur rapprochement en matière de… course à l’armement. Depuis deux jours, le chef du Kremlin répète qu’« aujourd’hui, nous sommes plus puissants que n’importe quel agresseur potentiel. N’importe lequel ». Des propos d’abord tenus jeudi 22 décembre lors d’une réunion autour des plus hauts responsables des armées russes, où il venait d’annoncer le renforcement prochain de la force de frappe nucléaire russe pour pouvoir percer le bouclier antimissile prévu par Washington en Europe orientale.

Vendredi, face à 1 400 journalistes, lors de sa traditionnelle conférence de presse de fin d’année, Vladimir Poutine les a réitérés, malgré le trouble provoqué la veille. « Des responsables de l’administration américaine actuelle se sont soudainement mis à dire qu’ils étaient les plus forts, les plus puissants dans le monde. Oui, effectivement, ils ont davantage de missiles, de sous-marins et de porte-avions. Nous ne le contestons pas », a reconnu Vladimir Poutine, interrogé à plusieurs reprises sur le sujet.

Course aux armements

Mais il n’a pas levé ses ambiguïtés. « J’ai dit que la Russie était plus forte aujourd’hui que n’importe quel agresseur. Qui est l’agresseur ? Celui qui peut potentiellement attaquer la Russie », a-t-il ironisé, très sûr de lui en cette fin 2016 où, pour la troisième année consécutive, le magazine américain Forbes l’a élu « « l’homme le plus influent du monde ».

Entre ces deux déclarations, Donald Trump a lui aussi joué la carte de l’ambiguïté sur une possible course à l’armement. « Si un autre pays veut augmenter ses capacités nucléaires, les Etats-Unis ne vont pas observer ça de loin sans agir en conséquence », a lancé le porte-parole du futur président américain. Lors d’une interview sur CNN, Sean Spicer n’a pas tardé à préciser quels pays il avait en tête, tout en restant vague. « Je parle de la Russie. Il ne s’agit pas seulement d’un pays, mais de n’importe quel pays. » Plus tôt, une journaliste de la chaîne américaine MSNBC avait révélé que Donald Trump venait de lui dire, par téléphone et hors antenne : « S’il le faut, nous aurons une course aux armements. Nous les dépasserons à chaque étape et nous leur survivrons. »

M. Poutine a assuré vendredi ne voir « rien de nouveau » dans les déclarations de Donald Trump sur un possible renforcement des capacités américaines. « Il l’a déjà évoqué lors de sa campagne électorale », a-t-il dit, très à l’aise et tout sourire. « Si le nouveau président américain vous invite, irez-vous ? », lui a alors demandé une journaliste américaine. « Bien sûr ! », s’est enthousiasmé le président russe, qui est resté néanmoins vague sur son possible rapprochement avec le futur locataire de la Maison Blanche. « Nous devons améliorer les relations russo-américaines. Pour résoudre nos problèmes bilatéraux et mondiaux de sécurité », s’est-il contenté de préciser. « Personne ne croyait que Donald Trump allait gagner à part nous », a-t-il également déclaré aux journalistes, envoyant des piques à l’équipe démocrate de Barack Obama et de Hillary Clinton, qui « perdent sur tous les fronts » et devraient apprendre à « perdre avec élégance ».