Le chômage n’avait pas baissé pendant trois mois de suite depuis l’année 2008.

C’est une première depuis le début du quinquennat de François Hollande. Selon les statistiques publiées, lundi 26 décembre, par le ministère du travail, le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité (catégorie A) a diminué en novembre pour la troisième fois consécutive, passant de 3 478 800 en octobre (sur le territoire métropolitain) à 3,447 millions le mois dernier – soit -31 800. Il faut remonter avant la crise, provoquée par la faillite de Lehman Brothers il y a huit ans, pour trouver une baisse sur une période plus longue : de mai 2005 à février 2008, le chômage avait reflué sans discontinuer, dans l’Hexagone, pour passer sous la barre des deux millions.

Après avoir atteint un pic en février 2016 (3,591 millions), le nombre de chômeurs s’est donc réduit de 144 000. Sur les trois derniers mois, le recul avoisine 110 000, soit la plus forte baisse trimestrielle depuis début 2001, selon le ministère du travail.

L’exécutif ne s’est évidemment pas fait prier pour mettre en scène ces bons chiffres. M. Hollande avait l’intention de s’en prévaloir, lundi après-midi, lors d’une visite d’une entreprise à Taverny (Val-d’Oise), pour montrer que la politique conduite depuis son entrée en fonction à l’Elysée avait – enfin – permis d’inverser la courbe du chômage. Le chef de l’Etat a ainsi salué une baisse « de plus de 100 000 » chômeurs depuis début 2016 ainsi que « 240 000 créations nettes d’emplois depuis 17 mois ».

François Hollande lors d’une visite d’une entreprise à Taverny (Val-d’Oise). | LIONEL BONAVENTURE / AFP

Tendance favorable pour les moins de 25 ans

La tendance s’avère également très bonne, pour les moins de vingt-cinq ans : leur nombre, dans la catégorie A (en métropole), a diminué de près de 11 000 en novembre et de près de 50 000 depuis le début de l’année (-9,5 %). Mais les chômeurs de plus de cinquante ans, eux, ont vu leurs effectifs repartir à la hausse (+0,2 %). Tout comme ceux qui sont à la recherche d’un poste depuis au moins un an (+0,2 % également, soit près de 2,579 millions de personnes sur l’ensemble de la France, outre-mer compris). Autres résultats, qui apportent des nuances moins riantes au tableau d’ensemble : le nombre de demandeurs d’emploi, qui ont occupé un poste le mois dernier (catégories B et C), continue de progresser. De sorte que si l’on raisonne sur les trois catégories A, B et C, les chiffres sont orientés à la hausse, en novembre (+0,3 %) tout comme sur une année (+0,5 %), alors qu’ils refluent de 3,4 % en un an pour la seule catégorie A – celle qui est la plus commentée.

Pour autant, le gouvernement voit une dynamique positive dans tous ces indicateurs. Ils sont d’ailleurs en ligne avec l’amélioration que l’Insee observe sur le front de l’emploi. Au troisième trimestre, les effectifs dans le secteur privé (hors agriculture) se sont accrus d’un peu plus de 57 000, sous l’effet – en grande partie – du boom de l’emploi intérimaire (+5 % sur le troisième trimestre et même +8 % en un an). Les entreprises de service se trouvent, elles sur une pente ascendante (+26 600 en valeur absolue, soit une augmentation de 0,5 % en trois mois et de 1,8 % en un an).

L’industrie reste un point noir

Un gros point noir subsiste : l’industrie, qui, depuis une quinzaine d’années, détruit plus d’emplois qu’elle n’en crée (-4 700 sur l’avant-dernier trimestre 2016 ; -26 200 en un an). Mais la tendance, prise globalement, est favorable : du troisième trimestre 2015 au troisième trimestre 2016, les bataillons de salariés dans les entreprises privées se sont étoffés de près de 179 000. La performance pourrait même être un peu meilleure, de janvier à décembre 2016, avec près de 190 000 personnes supplémentaires employées dans le secteur marchand, d’après la dernière note de conjoncture de l’Insee. Un dynamisme qui n’avait pas été observé depuis le début de la crise de 2008. Du coup, le taux de chômage devrait – très légèrement – reculer l’an prochain, passant à 9,8 % à la mi-2017 sur l’ensemble du territoire (outre-mer compris) contre 10 % au troisième trimestre 2016.

Ces résultats encourageants peuvent, au moins pour partie, être mis au crédit de la politique du gouvernement : allégement du coût du travail (grâce, d’abord, au crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi puis au Pacte de responsabilité), octroi d’une prime à l’embauche pour les entreprises de moins de 250 personnes… Le contexte, aussi, a beaucoup joué en faveur de notre économie : pétrole bon marché, taux d’intérêt bas, parité euro/dollar favorable aux exportations tricolores.