A

ABATTOIRS

Après une année marquée par des scandales à répétition, 33 députés représentant six partis politiques (PS, LR, UDI, EELV, Front de gauche, Radicaux de gauche) ont déposé une proposition de loi visant à accroître la transparence, le contrôle et les sanctions dans les 960 abattoirs de boucherie et de volaille français. Le texte a été adopté en commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale le 14 décembre, mais les parlementaires ont supprimé deux des sept articles, dont la mesure phare rendant obligatoire la vidéosurveillance. Le texte doit être examiné en séance plénière de l’Assemblée le 12 janvier.

B

BUDGET

Adopté par le Parlement le 20 décembre, le projet de budget 2017, le dernier du quinquennat de François Hollande, a été l’objet de frictions entre la majorité et l’opposition, mais aussi entre gouvernement et majorité. Réduction du taux de l’impôt sur les sociétés, actions gratuites, taxe sur les transactions financières, aide au développement… sont autant de points sur lesquels le gouvernement a été mis en minorité. François Fillon, le candidat des Républicains à l’élection présidentielle, a d’ores et déjà indiqué que, s’il est élu en 2017, il supprimera la mesure phare de ce budget : l’instauration d’un prélèvement à la source de l’impôt.

C

CHÔMAGE

Le 18 avril 2014, en marge d’une visite de l’usine Michelin de Clermont-Ferrand, François Hollande avait conditionné sa candidature en 2017 à l’inversion de la courbe du chômage. Deux ans plus tôt, il avait déjà promis, sur le plateau du 20 heures de TF1, d’inverser cette courbe en un an. Finalement, François Hollande a renoncé à briguer un second mandat, lesté par une impopularité record et les divisions à gauche. Le chômage, lui, est bien en train d’amorcer une lente décrue. En novembre, le nombre de demandeurs de catégorie A, ceux qui n’ont aucune activité, s’est établi à 3 447 000 pour la France métropolitaine, soit une baisse de 31 800 en un mois, de près de 110 000 sur les trois derniers mois et de quelque 133 000 depuis le début de l’année. C’est la première fois depuis 2008, avant même la crise financière mondiale, que la décrue du chômage se confirme durant trois mois consécutifs.

D

DÉCHÉANCE DE NATIONALITÉ

En annonçant, le 1er décembre, qu’il renonçait à se porter candidat à sa propre succession, François Hollande n’a exprimé « qu’un seul regret : avoir proposé la déchéance de la nationalité ». Fin mars, après des mois d’allers-retours entre les deux Chambres du Parlement, il avait lui-même enterré, au cours d’une allocution télévisée, la révision constitutionnelle annoncée devant le Congrès réuni à Versailles le 16 novembre 2015, trois jours après les attentats de Paris et Saint-Denis. Une proposition qu’il pensait être de nature à préserver « la cohésion nationale », selon ses termes, mais qui avait surtout divisé jusque dans son camp.

E

ÉTAT D’URGENCE

Annoncé par François Hollande dans la nuit du 13 novembre 2015, l’état d’urgence a été prolongé, le 14 décembre, une cinquième fois par l’Assemblée nationale, jusqu’au 15 juillet 2017. La suspension temporaire de certaines garanties attachées aux droits de l’homme devrait donc durer au moins vingt mois. Une durée jamais atteinte, même pendant la guerre d’Algérie pour laquelle il a été imaginé. Malgré les critiques et un récent rapport parlementaire préconisant un sérieux recadrage de ce « régime d’exception », les prolongations successives ont toujours été votées par une large majorité.

F

FILLON

François Fillon est désigné, le 27 novembre, à l’issue du second tour des primaires de la droite, comme candidat à l’élection présidentielle de 2017. Très vite, son programme cristallise les tensions, notamment sur la partie relative à la santé et aux remboursements de l’assurance maladie. La promesse du candidat de « focaliser l’assurance publique universelle sur des affections graves ou de longue durée, et l’assurance privée sur le reste », concentre les critiques à la fois de la gauche et de l’extrême droite, embarrasse une partie de la droite et suscite beaucoup de doutes des professionnels de santé sur la capacité à la concrétiser. Interrogé lors de son passage au 20 heures de France 2, au lendemain de sa victoire à la primaire, l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy prend « l’engagement » que « toutes les personnes qui doivent être protégées, qui ont des revenus modestes ou moyens, ne seront pas moins bien remboursées ». Certains y voient un renoncement, d’autres une tentative de calmer la polémique.

G

« GAUCHES IRRÉCONCILIABLES »

Manuel Valls a beau se présenter aujourd’hui comme le candidat de la « conciliation » et de la « réconciliation » pour « rassembler la gauche » lors de la primaire, les 22 et 29 janvier, personne n’a oublié, surtout dans son camp, que l’ancien premier ministre a théorisé les « gauches irréconciliables ». Lors d’une réunion publique dans sa circonscription, à Corbeil-Essonnes (Essonne), le 15 février, Manuel Valls avait fait part de son opposition au principe d’une primaire élargie à toutes les sensibilités de gauche : « Parfois, il y a des positions irréconciliables à gauche, et il faut l’assumer », avait-il dit. Depuis l’annonce de sa candidature à la primaire de la gauche, le 5 décembre, M. Valls a regretté ses « mots durs ».

H

HOLLANDE

Pour la première fois dans l’histoire de la cinquième République, un président en exercice renonce à se présenter à sa propre succession. Jeudi 1er décembre, le jour de l’ouverture des candidatures à la primaire de la gauche, François Hollande annonce sa décision de ne pas être candidat à la présidentielle de 2017 : « Aujourd’hui je suis conscient des risques que ferait courir une démarche, la mienne, qui ne rassemblerait pas largement autour d’elle. » Cette décision met fin à un feuilleton qui a duré depuis plusieurs mois. Au plus bas dans les sondages, le chef de l’Etat n’était plus le candidat évident au sein de sa propre majorité.

I

IVG

Légalisée il y a quarante ans par la loi Veil, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) a été au cœur des débats politiques cet automne. La polémique a débuté pendant la campagne de la primaire de la droite. François Fillon, soutenu par Sens commun, un courant issu de la « Manif pour tous », s’est déclaré personnellement hostile à l’IVG, tout en assurant qu’il défendait ce droit et ne comptait pas le remettre en cause. Hasard du calendrier, l’examen houleux, fin novembre début décembre, d’une proposition de loi PS visant à étendre le délit d’entrave à l’IVG aux sites Internet diffusant de « fausses informations » sur l’avortement, a montré que le sujet reste sensible. Les débats autour de l’IVG ont aussi montré des divisions au sein du Front national. Florian Philippot estimant que Marion Maréchal Le Pen était « seule et isolée » dans sa volonté de remettre en cause le remboursement « intégral et illimité » de l’avortement.

J

JUNGLE (DE CALAIS)

A la rentrée 2016, le gouvernement annonce l’évacuation prochaine de la « jungle » de Calais, où vivent des milliers de migrants dans des conditions insalubres, et le relogement de ses occupants sur l’ensemble du territoire. En pleine campagne pour la primaire, la droite s’empare du sujet, s’alarmant de la création de « mini-Calais » dans toute la France. Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne-Rhône-Alpes explique par exemple qu’il « n’acceptera pas » l’objectif du gouvernement et lance une pétition. Localement, des municipalités se déchirent sur cette question de l’accueil des migrants : des centres d’hébergement sont incendiés, voire visés par des tirs, des communes cherchent à organiser des référendums… L’évacuation a finalement lieu le 24 octobre et l’accueil des migrants dans les régions se fait sans heurts.

K

K.-O.

Les dernières semaines de 2016 ont vu plusieurs personnalités politiques d’envergure nationale être écartées de la future course à l’Elysée, en 2017. C’est d’abord, le 20 novembre, au soir du premier tour de la primaire de la droite, Nicolas Sarkozy, qui, arrivé troisième, ne peut qu’admettre sa défaite. « Il est temps maintenant pour moi d’aborder une vie avec plus de passions privées et moins de passions publiques », lance-t-il devant ses partisans. Une semaine plus tard, c’est Alain Juppé, largement vaincu par François Fillon, qui fait ses adieux à la scène. « J’ai décidé de me retirer de la vie politique nationale pour le moment » déclarera-t-il plus tard, dans sa ville de Bordeaux. Enfin, dans un registre un peu différent – c’est-à-dire avant même la primaire de la gauche –, François Hollande déclare le 1er décembre qu’il ne briguera pas un second mandat, « conscient des risques que ferait courir une démarche (…) qui ne rassemble pas largement autour d’elle ».

L

LAÏCITÉ

Depuis que la question de la place de l’islam en France a envahi le débat politique, la laïcité est invoquée par tous, mais tout le monde ne lui donne pas le même contenu. Cette année encore a eu son lot de polémiques. A gauche, Manuel Valls a soutenu les maires ayant pris des arrêtés antiburkini cet été, tandis que plusieurs de ses ministres y étaient opposés. Il avait déjà divisé son camp en avril en se disant favorable à l’interdiction du voile à l’université. Même chose en janvier, quand il a exprimé son soutien à Elisabeth Badinter, qui avait affirmé qu’il ne fallait pas « avoir peur de se faire traiter d’islamophobe » pour défendre la laïcité.

La droite n’a pas été épargnée par ces divisions. Contrairement à Nicolas Sarkozy, Alain Juppé et François Fillon étaient favorables aux repas de substitution dans les cantines. Les deux finalistes s’étaient en revanche opposés sur la question du burkini : François Fillon était favorable à une loi pour l’interdire, contrairement à Alain Juppé.

Début novembre, le Conseil d’Etat a estimé qu’une crèche de Noël ne peut, a priori, « pas être installée » dans un emplacement public, sauf si cette installation « présente un caractère culturel, artistique ou festif ».

M

MACRON

Tout au long de l’année, Emmanuel Macron multiplie les déclarations et les signes d’émancipation. En avril, toujours ministre de l’économie, il lance son mouvement En Marche ! Affirmant être loyal à François Hollande, il souligne n’être néanmoins pas « son obligé ». Il démissionne de Bercy le 30 août pour mieux se consacrer à la campagne présidentielle – il officialise sa candidature le 16 novembre. D’abord perçu par ses adversaires comme un feu de paille, Emmanuel Macron commence finalement à inquiéter, à gauche comme à droite, par sa stabilité dans les sondages.

N

NICE

Le soir du 14 juillet, la France est endeuillée par un attentat qui tue 86 personnes sur la promenade des Anglais à Nice. Dans les semaines qui suivent, la polémique grandit. Le ministre de l’intérieur, alors Bernard Cazeneuve, se voit reprocher par la droite son manque de transparence sur le dispositif de sécurité. Christian Estrosi, adjoint au maire chargé de la sécurité et président de la région, accuse le gouvernement de « mensonge d’Etat » au sujet notamment des effectifs de police nationale présents le soir de l’attaque. Dix jours après l’attentat, c’est cette fois une policière municipale responsable de la vidéosurveillance à Nice qui, dans le Journal du Dimanche, accuse le ministère de l’intérieur d’avoir exercé à son encontre des « pressions » pour modifier un rapport. Bernard Cazeneuve portera plainte contre elle dès le lendemain.

O

OUPS

Le prix d’un pain au chocolat, selon Jean-François Copé ? « 10 ou 15 centimes. » Raté.

P

PRIMAIRES

La primaire de la droite, organisée les 20 et 27 novembre, a attiré 4,36 millions de votants au second tour. Un succès de participation qui s’inscrit dans la continuité de celui rencontré, cinq ans plus tôt, par la primaire de la gauche. En 2011, 2,8 millions de personnes s’étaient rendues aux urnes, alors que le PS en espérait initialement un million. La forte participation ne peut masquer les faiblesses de ce mode de scrutin, qui mobilise peu en dehors des Français les plus politisés. Mais entre la droite, le PS et Europe écologie-Les Verts, qui a organisé sa primaire les 19 octobre et 7 novembre, le système de primaire semble s’installer durablement dans le paysage politique français.

Q

49-3

Après avoir démissionné de son poste de premier ministre pour se présenter à la primaire à gauche, Manuel Valls a pour le moins surpris, le 15 décembre sur France Inter, en affirmant qu’il entendait « supprimer purement et simplement » l’article 49-3 de la Constitution qui permet au chef du gouvernement de faire adopter un texte de loi sans vote. Une procédure auquel il a pourtant lui-même eu recours à six reprises au gouvernement.

R

RENONCIATION

Une entrée de dictionnaire pour remonter le moral des très chers correcteurs du Monde, puisqu’ils ont bien tenté d’expliquer que le terme approprié, à propos de François Hollande et de l’élection présidentielle, était « renonciation », mais que tout le monde s’entête à parler de renoncement.

Lire aussi l’explication des correcteurs du « Monde »

S

SONDAGES

Couvrez ce sondage que je ne saurais voir. Après le Brexit et l’élection de Donald Trump, qu’aucune enquête d’opinion n’avait vu venir, la victoire de François Fillon à la primaire de la droite a remis en cause la fiabilité des sondages. Certes, ils avaient anticipé la percée de l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy, mais aucun n’avait prédit le « raz-de-marée Fillon », arrivé largement en tête des deux tours du scrutin. Des événements qui sont venus rappeler, en cette année électorale, la nécessité d’être vigilant quant à l’utilisation, la lecture et l’interprétation des enquêtes d’opinion.

T

TRAVAIL (LOI)

Au terme de nombreux mois de débats houleux et de manifestations, la loi travail a été adoptée le 21 juillet. Le texte, qui a suscité une longue mobilisation sociale, a été voté aux forceps, grâce au recours par le gouvernement à l’alinéa 3 de l’article 49 de la Constitution, qui permet de faire voter l’ensemble d’un texte si aucune motion de censure n’est adoptée dans les vingt-quatre heures. Il contient plusieurs importantes réformes, comme celle du licenciement économique, qui pourra intervenir en cas de « baisse significative des commandes ou du chiffre d’affaires ». Mais c’est l’article 2 qui a été le plus disputé : cet article donne la primauté aux accords d’entreprises sur les conventions de branche en matière de temps de travail. Il focalise les critiques de plusieurs syndicats. Selon eux, le texte risque d’encourager la course au moins-disant social entre les entreprises. Ecueil que les accords de branche permettent d’éviter en fixant des règles valables pour tous les employeurs d’un même domaine d’activité.

U

UBER

L’année avait commencé par les mouvements sociaux des conducteurs de taxis, VTC et Loti (transport collectif à la demande), elle se termine avec ceux des conducteurs Uber. En plein conflit sur les rémunérations des chauffeurs VTC pratiquées principalement par Uber, le Parlement a définitivement adopté, mercredi 21 décembre, la proposition de loi Grandguillaume visant à « pacifier » les relations dans le transport public de la personne.

V

VALLS

« J’ai cette force en moi. » Début décembre, Manuel Valls a annoncé à Evry (Essonne), son fief électoral, sa candidature à la présidence de la République et sa démission de Matignon, effective dès le lendemain.

« Le sens de l’Etat me fait considérer que je ne peux plus être premier ministre tout en étant candidat. »

C’est Bernard Cazeneuve, ex-ministre de l’intérieur dans le gouvernement Valls, qui lui succède pour les cinq derniers mois de la présidence Hollande.

W

WAGRAM

Le 8 septembre, salle Wagram, à Paris, François Hollande prononce un discours sur « la démocratie face au terrorisme ». Protection de l’Etat de droit, défense d’une laïcité moins stricte que celle promue par Manuel Valls, attaques contre Nicolas Sarkozy… Alors qu’il se débat dans les sondages, le voilà qui semble revêtir son costume de chef de l’Etat et défendre son idée de la France. Ses propos sont décryptés comme une manière d’entrer dans la campagne présidentielle de 2017, sans se déclarer explicitement, comme une esquisse des contours et d’un contenu d’une nouvelle candidature.

Z

ZAD

Manuel Valls avait promis une opération d’évacuation « à l’automne » de la zone à défendre (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique) pour permettre le début du chantier de construction de l’aéroport. Mais la perspective d’un démarrage des travaux avant la fin du quinquennat de François Hollande est peu probable. Nommé premier ministre en remplacement de Manuel Valls, candidat à la primaire de la gauche, Bernard Cazeneuve a indiqué dès sa nomination que l’évacuation n’était pas une priorité.