Dhaka, pendant la mousson. Le Bangladesh est fortement impacté par le réchauffement climatique. | MUNIR UZ ZAMAN / AFP

C’est désormais une certitude. L’Organisation météorologique mondiale (OMM) a présenté, fin décembre, le bilan climatique provisoire de l’année écoulée et indiqué que, sur la foi de ses onze premiers mois, l’année 2016 sera bel et bien la plus chaude jamais observée depuis le début des mesures, voilà cent trente-sept ans. Le rapport définitif sera présenté début 2017, lorsque les températures de décembre auront été analysées. Mais quoiqu’il arrive en décembre, 2016 battra, et de très loin, le record de l’année 2015. Celle-ci avait elle-même battu celui de l’année précédente.

Les chiffres sont éloquents : en 2016, la température moyenne terrestre aura été quelque 1,2 °C au-dessus de la moyenne préindustrielle, selon l’OMM. Soit environ 0,2 °C de plus que le record de 2015. Modeste en apparence, un tel écart est en réalité, s’agissant du climat, énorme. La tendance de fond du réchauffement anthropique correspond en effet à une hausse de la température de 0,17 °C par décennie.

L’une des raisons de ce saut spectaculaire est l’irruption, en début d’année, d’un puissant phénomène El Niño. Ce réchauffement du Pacifique équatorial – qui survient cycliquement tous les trois à sept an – donne un coup de pouce à la température moyenne mondiale, s’ajoutant ainsi au réchauffement dû aux émissions humaines de gaz à effet de serre.

Accumulation de CO2

Celles-ci tendent à se stabiliser depuis 2014, mais l’accumulation de dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère ne faiblit pas. « Les niveaux de CO2 atmosphérique ont dépassé le seuil symbolique de 400 parties par millions [ppm] », a ainsi déclaré le secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas. Le niveau de CO2 préindustriel était d’environ 270 ppm, et n’avait jamais dépassé 300 ppm au cours du dernier million d’années.

« Dans les océans, les records de température ont contribué au blanchissement à grande échelle des récifs coralliens tandis que, sur terre, des inondations, des sécheresses et des cyclones tropicaux ont bouleversé la vie de millions de gens et ont entravé le progrès socio-économique, a poursuivi M. Taalas. Une part de ces désastres peuvent être liés au changement climatique. » L’un des phénomènes les plus notables de l’année qui s’achève a été la persistance de températures très élevées dans la région arctique, accompagnée d’une surface particulièrement faible de glace de mer.

Selon l’OMM, les régions ayant connu les températures extrêmes sont l’Alaska, l’Ouest canadien, le nord et l’est des Etats-Unis, plusieurs régions éparses d’Afrique, ainsi que la plus grande part de l’Amérique centrale. En France et en Europe, en revanche, 2016 ne marquera pas de record particulier. A l’échelle mondiale, sur les dix-sept années les plus chaudes jamais mesurées, seize appartiennent au siècle en cours.