Le logo de la banque italienne Monte Dei Paschi di Siena (BMPS), le 9 décembre 2016 à Rome. | TIZIANA FABI / AFP

La Banque d’Italie a publié jeudi 29 décembre un communiqué expliquant que le recours à un plan de sauvetage public de la Banca Monte dei Paschi (BMPS) avait fait passer le besoin en capital de 5 à 8,8 milliards d’euros et que ce plan coûterait 6,6 milliards à l’Etat.

L’augmentation, annoncée par la Banque centrale européenne (BCE) pendant le week-end de Noël, est due à la modification du mode de calcul du besoin en capital, a expliqué la banque centrale italienne.

Si elle était passée par le marché, comme elle a essayé de le faire, la banque Monte Paschi di Siena aurait bien eu besoin de 5 milliards d’euros, 3 milliards pour couvrir les pertes liées à la cession de créances douteuses et 2 milliards pour augmenter le taux de couverture de créances risquant de ne pas l’être.

La mise en place d’une recapitalisation préventive, décidée par le gouvernement dans la nuit du 22 au 23 décembre, modifie le mode de calcul en se basant sur les résultats des tests de résistance bancaire publiés en juillet, a expliqué la Banque d’Italie.

Prévenir une nouvelle crise

Désormais, la banque a besoin de 6,3 milliards d’euros pour faire remonter son ratio de fonds propres durs (dit « CET1 fully-loaded »), un indice qui mesure la capacité d’une banque à faire face à une crise, au-delà du seuil de 8 % ; et de 2,5 milliards pour faire remonter son ratio de fonds propres au-dessus du seuil de 11,5 %, a ajouté la Banque d’Italie.

En l’état actuel des calculs de la banque centrale, l’Etat devra fournir directement 4,6 milliards d’euros, auxquels s’ajouteront environ 2 milliards d’euros pour compenser les pertes des investisseurs individuels, dans la mesure où le gouvernement a souhaité garantir l’épargne des quelque quarante-deux mille particuliers détenant des obligations de la BMPS. Les 2,2 milliards restants seront essentiellement à la charge des investisseurs institutionnels, qui verront leurs obligations converties en actions à 75 % de leur valeur nominale.

La BCE critiquée

Jeudi, le gouvernement italien a déploré le manque d’informations fournies par la BCE quand elle a relevé le montant de la recapitalisation dans un courrier ne comptant que « cinq lignes et trois chiffres », selon le ministre des finances, Pier Carlo Padoan. « Je ne suis pas vraiment habitué mais j’ai été frappé de voir ainsi arriver des nouvelles ex abrupto, le jour de Noël », a déclaré le chef du gouvernement, Paolo Gentiloni.

La Commission européenne a par ailleurs annoncé jeudi soir avoir donné son accord à une prolongation de six mois (jusqu’au 30 juin 2017) d’un schéma de garantie permettant à l’Italie de fournir des liquidités aux banques solvables en cas de besoin, un schéma déjà utilisé dans d’autres pays de l’UE. Elle a aussi autorisé qu’un schéma de ce type puisse s’appliquer à BMPS. La banque étant en manque de liquidité, l’Italie était contrainte de soumettre une requête spécifique à l’UE.

« Ces mesures sont distinctes » du plan de sauvetage public de la BMPS, a précisé dans son communiqué la Commission, qui va sur cette question « collaborer avec les autorités italiennes et les autorités de contrôle pour évaluer la compatibilité de l’intervention prévue des autorités italiennes avec les règles de l’UE ».