Un tribunal d’Istanbul a ordonné, jeudi 29 décembre, la remise en liberté sous contrôle judiciaire de la romancière turque Asli Erdogan et de la linguiste Necmiye Alpay, jugées pour appartenance à une « organisation terroriste », selon l’agence de presse progouvernementale Anadolu.

En détention préventive depuis plus de quatre mois, les deux intellectuelles doivent sortir de la prison pour femmes de Bakirköy vers 19 h 30 (17 h 30 heure française), a précisé une amie de la romancière.

Poursuivis pour leur soutien au PKK

Au total, neuf intellectuels étaient cités à comparaître, et huit risquaient la perpétuité pour leurs articles dans le journal prokurde Özgür Gündem ou leur soutien à la rébellion kurde du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en guerre contre l’Etat turc depuis plus de trente ans. Cinq n’étaient pas présents au procès car ils avaient fui avant leur arrestation cet été. Les quatre autres – l’auteure Asli Erdogan, la linguiste Necmiye Alpay, les journalistes Inan Kizilkaya et Zana Kaya – étaient en détention préventive depuis la mi-août.

Agée de 49 ans, Asli Erdogan (sans aucun lien de parenté avec le président turc Recep Tayyip Erdogan) est une écrivaine connue, dont les livres sont traduits dans plusieurs langues. Elle a écrit pendant des années des chroniques dans plusieurs journaux d’opposition. Un appel pour sa libération avait été lancé fin août par des écrivains du monde entier, dont Jean Rolin, Patrick Deville, Jonathan Littell ou Annie Ernaux.

Vastes purges parmi les intellectuels

Peu avant le début de l’audience, les autorités turques ont par ailleurs annoncé l’arrestation d’Ahmet Sik, l’un des journalistes d’enquête turcs les plus réputés, dernier d’une liste qui ne cesse de s’allonger depuis le coup d’Etat manqué de juillet et les vastes purges qui ont suivi.

Au-delà des fidèles présumés du prédicateur Fethullah Gülen, accusé d’être l’instigateur du putch manqué, des dizaines de journalistes ont été arrêtés et de nombreux médias fermés. Arrestations et limogeages ont également visé les milieux prokurdes ainsi que des voix critiques du pouvoir.