Le président Francois Hollande et le ministre de l’intérieur Bruno Le Roux au commissariat des Champs-Elysées, le 31 décembre 2016. | THIBAULT CAMUS / AFP

Le nouveau ministre de l’intérieur, Bruno Le Roux, s’est félicité, dimanche 1er janvier, du bilan de la nuit de la Saint-Sylvestre qui « s’est déroulée sans incident majeur ». Un indicateur habituel – et controversé – est celui du nombre de véhicules brûlés. Pour éviter l’effet supposé de concours entre les quartiers, les ministres de l’intérieur de Nicolas Sarkozy avaient cessé en 2010 de donner ce chiffre au lendemain du réveillon.

Le 1er janvier 2013, Manuel Valls avait repris sa publication, suivi ensuite par Bernard Cazeneuve. Mais, pour le dernier Nouvel An du quinquennat Hollande, Bruno Le Roux a décidé de changer d’indicateur. Pour empêcher les comparaisons peu flatteuses ?

Ce qu’il a écrit

Dans son communiqué publié dimanche, le ministre de l’intérieur assure :

« Cette année encore, le bilan des véhicules brûlés démontre qu’aussi intolérable soit-il, le phénomène est contenu par rapport à 2016, avec 650 mises à feu directes, là où elles étaient 602 l’an passé. Sur les cinq dernières années, le nombre de véhicules brûlés a diminué de 20 %. »

Pourquoi c’est trompeur

On peut déjà noter que, selon les chiffres donnés par le ministre, les « mises à feu directes » ont augmenté de 8 % par rapport à la précédente nuit du Nouvel An, ce qui ne peut pas forcément être qualifié de « phénomène contenu ».

Mais surtout, M. Le Roux évoque donc les « mises à feu directes », c’est-à-dire les départs de feu, et non pas le nombre de véhicules brûlés – y compris ceux qui se sont enflammés par propagation. Or, depuis 2013, MM. Valls et Cazeneuve s’intéressaient, eux, au nombre total de véhicules brûlés (par ailleurs, leurs prédécesseurs ont toujours fait de même quand ils publiaient encore leur bilan).

M. Le Roux a brusquement changé de thermomètre. Non parce qu’il ignore le nombre total de véhicules détruits : il parle dans le communiqué de son évolution positive, – 20 %, mais « sur les cinq dernières années ».

Pourquoi ce changement d’indicateur ? Considérons les quatre derniers réveillons : 804 voitures avaient brûlé l’année dernière, 940 en 2015, 1 067 en 2014 et 1 193 en 2013. Suivons ensuite le ministre, et appliquons une baisse de – 20 % par rapport aux 1 193 véhicules brûlés du 1er janvier 2013.

Le nombre total de véhicules brûlés doit avoir tourné, cette fois-ci, autour de 954 : la tendance continue à la baisse depuis plusieurs années s’est donc interrompue brutalement. Et nous pouvons désormais mesurer l’évolution annuelle : le nombre de véhicules incendiés a en fait connu une forte augmentation de 19 % par rapport à l’année dernière.

Encore plus difficile, dès lors, de parler de « phénomène contenu ».